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Monsieur Macron n'est pas le Président des riches, il est celui des ultras riches.

Il faut lui laisser le temps, au Président. Paris ne s’est pas fait en un jour, et avant le désamour, considérons que la France ne tourne plus en rond. Après tout, il ne fait que tenir ses promesses et en matière de politique ce serait presque une prouesse.

Voilà, à peine caricaturé, le discours que distillent chaque jour insidieusement les macroniens de la première et même ceux de la dernière heure. Tous feignent d’ignorer que l’élection de leur gourou n’a été gagnée que par défaut, et qu’en réalité bien peu de nos concitoyens adhéraient à son programme.

Mais dépouillons de ses atours ce discours et considérons les contours du premier budget macronique que surligne à gros traits de feutre l’étude du très sérieux Observatoire Français des Conjonctures Economiques. 

Inutile d’être un champion de l’économie pour comprendre que si 42% des gains attendus en pouvoir d’achat des ménages (soit 2,5 milliards sur 6) tombent dans les poches des 5% les plus riches, les inégalités ne peuvent que se creuser. Elles se creusent d’ailleurs d’autant plus, tout au moins pour 2018, que le pouvoir d’achat des 5% les plus pauvres va pour sa part baisser.

Après les choix budgétaires macroniques, les très riches seront donc encore plus riches et les très pauvres encore plus pauvres.  Magnifique souffle politique qu’apporte à la France le fameux nouveau monde du « ni droite, ni gauche »

Mais une partie de l’appauvrissement des ménages les plus fragiles est encore partiellement masquée.

La suppression de la taxe d’habitation se traduira en effet par une perte de recettes, de l’ordre de 10 milliards d’euros. L'Etat compensera intégralement cette perte pour les communes … Mais au total, que ce soit pour l’Etat ou pour les communes, ce sont bel et bien 10 milliards de recettes d’argent public en moins.

Comment équilibrer le budget ?

Une première solution consisterait à inventer une nouvelle taxe. Il y a eu quelques ballons d’essai dans ce sens, mais gageons que le gouvernement n’osera pas s’engager sur un chemin bien impopulaire. Et puis, dans cette hypothèse, qui paierait la nouvelle taxe ?

La solution la plus probable consistera à économiser sur la dépense. Mais là encore qui va payer la facture ?

Economiser sur la dépense à hauteur de 10 milliards, ce n’est pas seulement grignoter sur le train de vie souvent supposé des élus. C’est toucher aux équipements publics, au service public, et aux mécanismes de redistribution que constituent les prestations. On a déjà commencé à le faire d'ailleurs avec la baisse de 5 euros mensuels sur l’APL .  

Dans cette seconde hypothèse, ce sont bien les ménages les plus fragiles, pour qui le service public est souvent le seul patrimoine et pour qui les prestations constituent une part de revenu non négligeable, qui paieront la facture.

Le  macronisme, faisant cela, parie peut-être que cette situation pour le moins inconfortable ne durera pas.

Sans doute imagine-t-il que des milliardaires enfin heureux d’être moins mis à contribution et de regagner quelques millions de pouvoir d’achat, fonderont des entreprises heureuses où chacun trouvera le bonheur en travaillant et qu’ils tireront alors le pays, puis l’Europe, puis le monde entier vers une grande prospérité générale. Du coup, grâce aux réformes de monsieur Macron, les pauvres ne seraient  plus pauvres puisque tout le monde serait riche. Ils seraient juste moins riches que les riches et ça, ce sera leur faute. Ils n’avaient qu’à, après tout, se mettre en tête de la cordée…

Parce que dans le monde macronien, les riches sont les premiers de cordée qui ouvrent la voie aux suivants… Mais ça, c’est à condition qu’ils ne tranchent pas la corde pour se débarrasser du poids de ceux qui les empêcheraient d’aller toujours plus haut et de rester dans les sommets.  Et je crains fort à ce propos que les souplesses nouvelles du code du travail revu à la sauce des ordonnances n’incitent guère nos fameux premiers de cordée à faire du sentiment dans leurs entreprises… mais qu’au contraire elles ne fassent qu’affuter leurs couteaux.

 

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