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Ca ne tient plus

Ma chère Elise,

J’ai vécu hier une journée d’automne agréable, émaillée de belles rencontres. Dans l’après-midi, c’était tout près de chez moi, dans les locaux de l’IUT, au village des sciences. J’y ai retrouvé quelques amis ou connaissances.

Cette manifestation, je la connais bien pour l’avoir souvent inaugurée et y avoir aussi contribué quelquefois lorsque je dirigeais le réseau CRDP de la région Haute Normandie. Manquait pourtant la Manufacture cette année. Tu t’en souviens sans doute, elle s’est longtemps appelé Maison de l’Enfant et de la Découverte. L’association a disparu il y a deux ans, faute d’un soutien de la Mairie a-t-elle indiqué à l’époque

- On la regrette, m’a dit l’un des organisateurs. Elle faisait du bon boulot, et c’était un pilier majeur de la fête de la science à Evreux.

J’ai acquiescé. La Manufacture s'ajoute à  l’Abordage, au Méga-Pobec, à l’Amicale de Navarre etc. … dans la liste des associations perdues.

On pourrait se contenter de dire que le tissu associatif est un tissu vivant, et qui se modifie et s’ajuste sans cesse, comme je l’ai entendu une fois ou l’autre en conseil municipal.

Mais je préfère parler pour ma part d’un tissu nécessaire et fragile, et que les pouvoirs publics, collectivités incluses, se doivent de protéger et de renforcer.

Philippe Bordier et Marie-Christine Ménard ont rappelé hier matin, lors de la manifestation Canetientplus devant la boutique d’Artisans du Monde, le rôle essentiel d’associations qui s’enracinent dans notre société, dans notre quotidien, qui favorisent les rencontres et tissent des liens entre les personnes, et qui, en quelque sorte, fabriquent de la République. Peut-on oublier les enjeux de l’Education Populaire, et les valeurs qu’elle véhicule ?  Imagine-t-on le sport sans associations, ou la culture, l’action sociale… ? Mesure-ton le rôle du monde associatif dans l’insertion, ou son poids dans l’Economie Sociale et Solidaire ?

Nombre d’acteurs associatifs ont ensuite pris la parole pour exprimer leur crainte d’être les variables d’ajustement des budgets publics. Mais ils ont d’abord partagé leur conviction profonde du caractère essentiel de leur action.

Ce caractère essentiel, je ne suis pas certain que la ville en ait toujours conscience lorsque, par exemple, elle réclame à Amnesty International, comme nous l’a dit au micro son président, un droit de 100 € pour l’occupation de l’espace public à l’occasion d’une foire aux livres destinée à financer son action. Il s’agit d’une activité lucrative leur aurait-on dit.

C’est anecdotique, mais cela témoigne d’un niveau de sensibilisation assez sommaire, un niveau de sensibilisation qui peut conduire à fragiliser plus encore des associations déjà à la peine, un niveau de sensibilisation qui peut contribuer à pousser certaines de ces structures à la cessation de paiement.

Le tissu associatif local, il est besoin de le soutenir, de le sécuriser, et pour cela de commencer peut-être par l’écouter, par dialoguer avec lui, par reconnaître qu’il est en prise directe sur les habitants de la cité, qu’il favorise les liens et la citoyenneté. Cela conduirait sans doute à améliorer de petites choses, ne fût-ce que l’accès aux espaces et aux équipements publics, ou les mutualisations de services … Ou encore de plus grandes comme une contractualisation, sur des projets, qui dépasse l’année budgétaire et puisse sécuriser les associations concernées.

Je me souviens d’une AG dans laquelle je représentais le Conseil Général dont j’étais alors Vice-Président. C'était l'une des premières où je tenais ce rôle. Le président de l’association m’avait publiquement remercié de notre soutien (une subvention assez convenable à l’époque). Mais je l’avais remercié à mon tour de ce mot gentil tout en expliquant qu’il me semblait qu’il inversait les choses. L’argent que le département avait versé, c’était de l’argent public, l’argent de tout le monde, l’argent de la solidarité et dont nos concitoyens, en votant pour nous, nous avaient confié la gestion. Mais cet argent aurait été bien moins efficace si lui, et tous les bénévoles de son association, ne s’étaient pas mobilisés, rendant possible, par leur engagement, une action que, tous, nous tenions pour nécessaire.  Et j’ai conclu que c’était moi qui devais les remercier de cet engagement.

Je pensais très fort à cet échange hier matin en entendant conter les tribulations de telle ou telle association pour obtenir, ou pas, le soutien des élus. J’y songeais hier après-midi en regrettant l’absence de la Manufacture au village des sciences …

Et voilà qu’il me revient aussi, Elise, que la nouvelle demande de Nathalie Lagouge en conseil municipal lundi dernier, pour que le Maire accepte enfin de soutenir l’association « Un Toit Sous la Main », n'a reçu cette fois aucune réponse. 

Bien à toi

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