10 Octobre 2025
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L’adjoint aux finances de la ville, au détour de la présentation de la DM1 en conseil municipal le 6 octobre, fait un focus sur la dette, sans véritablement fournir de documents d’ailleurs.
Selon lui, les deux mandats Lefrand se concluraient par une baisse de l’endettement de la ville. Il prévoit à la clôture du budget 2025 un encours de l’ordre de 75 millions d’euros. Nous ne connaîtrons malheureusement la réalité de cet « atterrissage », dans toutes ses composantes, qu’au moment du vote du compte administratif … en juin 2026.
Je préfère considérer les éléments que chaque Ebroïcien peut trouver sur le site du ministère des finances où sont synthétisés en quelques indicateurs les comptes des collectivités.
Comparons, au regard de la dette, la dernière année de gestion de la ville par la municipalité Champredon, soit 2013*, avec la dernière année de la gestion Lefrand publiée par le ministère des finances, soit 2024.
En 2013, la dette de la ville est de 80 666 000 euros, soit 1515 euros par habitant. Sur ce dernier indicateur, la moyenne de la strate (c’est-à-dire d’un ensemble de communes considérées comme plus ou moins comparables) est de 1282 euros par habitant.
Ces plus de 80 millions de dette correspondent à 87% de l’ensemble des recettes de fonctionnement.
En 2024, la dette de la ville est de 80 967 000 euros, soit 1667 euros par habitant (+150. La population de la ville a en effet diminué de 4700 habitants en onze ans). Quant à la moyenne de la strate, elle n’est plus que de 986 euros. (-300 euros). Ces près de 81 millions de dette correspondent en 2024 à 92% de l’ensemble des recettes de fonctionnement.
On voit bien que ces indicateurs peuvent difficilement laisser penser que l’endettement de la ville ait diminué durant la période considérée. Tout au plus est-il resté stable malgré une courbe accidentée, avec un pic au-delà de 90 millions d’euros en 2021 et un « atterrissage » en 2024 au niveau de 2013 comme l’indique le tableau ci-dessous.
|
Année |
Encours total en fin d'exercice |
Par habitant |
|
2013 |
80 666 000 |
1515 |
|
2014 |
83 736 000 |
1605 |
|
2015 |
82 860 000 |
1581 |
|
2016 |
80 723 000 |
1539 |
|
2017 |
80 989 000 |
1548 |
|
2018 |
78 553 000 |
1506 |
|
2019 |
81 922 000 |
1589 |
|
2020 |
88 504 000 |
1805 |
|
2021 |
90 993 000 |
1898 |
|
2022 |
86 371 000 |
1816 |
|
2023 |
83 058 000 |
1727 |
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2024 |
80 967 000 |
1667 |
Ce qui peut nous interpeller davantage en revanche, c’est que les 80 millions de 2013 représentent moins de 90% des recettes de la ville, et ceux de 2024 plus de 90%. Il y a cinq points entre les deux, et qui s’expliquent par la baisse du niveau de recettes.
Cette baisse est beaucoup moins liée à la démographie qu’aux transferts de compétences à l’agglomération (et donc de recettes et de dépenses) qui se sont effectués ces onze dernières années.
Cette réalité des transferts de compétences ne concerne pas qu’Evreux et l’EPN. C’est un phénomène qui touche quasiment toutes les communes et communautés de communes.
Mais force est de constater que cela semble se traduire à Evreux par une augmentation de l’endettement par habitant (+ 150€) quand cela se traduit par une baisse de ce même endettement dans les communes de la strate (- 300€). La corrélation est très simplificatrice bien entendu mais elle pose tout de même question, et cela d'autant plus lorsqu'on regarde l'évolution de l'endettement à l'agglomération, dont je parlerai dans un prochain billet.
* Le choix de 2013, plutôt que 2014 est lié au fait que 2014 est en gestion partagée : municipalité Champredon jusque fin mars et municipalité Lefrand ensuite
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En Résumé
Durant les onze années de mandat Lefrand, la dette d'Evreux (81 millions environ en 2024) a augmenté jusqu'à 91 millions avant de revenir à son niveau de 2013.
Pendant ce temps, la ville a perdu 4700 habitants.
La dette par habitant a donc augmenté de 150 euros (1667 euros en 2024).
Sur 11 ans, cela pourrait paraître peu. Mais cette augmentation va à l'inverse des communes de taille comparable.
Dans le même temps, ces communes ont en effet baissé, en moyenne, le montant de leur dette par habitant de 300 euros. (986 euros en 2024).