9 Février 2018
Nous ne le saurons pas. En tout cas pas de la bouche de madame Parly directement interrogée pourtant dans Interactiv’ce matin.
« Nous ne vendons pas des armes n’importe comment » nous dit-elle, avant d’ajouter que « le secteur de l’armement est un secteur industriel qui occupe de très nombreuses entreprises ».
Nicolas Demorand insiste. Elle finit par admettre que l’encadrement de l’utilisation des armes que nous vendons est parfois démenti par l’évolution des conflits… Donc, conclut Nicolas Demorand, « les Yéménites peuvent prendre sur la tête des bombes françaises »…
C’est que c’est important de vendre des bombes, nous a dit, sans le dire vraiment, madame Parly... même si les Yéménites les prennent sur la tête… Même s’il se pourrait qu’un jour elle soient utilisées contre nos propres soldats. Que voulez-vous, priorité à la balance commerciale à la croissance, à la survie de nos entreprises et donc à l’emploi… L’industrie de l’armement, ce sont tout de même 165 000 emplois en 2017.
Ne faudrait-il pas pourtant, au-delà de la création d’emplois, rendre son sens au travail dont la fonction première est de répondre aux besoins individuels et collectifs, à commencer par les besoins les plus élémentaires. Fabriquer des armes qui nous défendent en fait peut-être partie. Mais les fabriquer et les vendre, voire les fabriquer pour les vendre, est un choix d’une toute autre nature. Il ne faut d’ailleurs pas en faire particulièrement grief à madame Parly.
Il y a tellement longtemps que la France fait le commerce des armes.
Au nom de l’emploi ?
On dit le travail nécessaire parce qu’il serait la clé de répartition de la richesse que l’on produit collectivement. Chacun en effet serait payé à la hauteur de l’effort qu’il consent pour répondre à nos besoins aussi élémentaires que collectifs.
Allons donc !
En réalité ce sont d’abord les financiers et les spéculateurs de tous poils qui se servent et qui rêvent d’augmenter encore leur « jackpot », quel qu’en soit le prix...mais surtout pas au prix de leur travail. Comment imaginer en effet que le travail d’un seul puisse lui valoir des millions comme on le voit parfois.
Pour ces professionnels du « Jackpot », qu’importe que l’on assassine des Yéménites pourvu que leur commerce soit lucratif. Tant que la finance leur rapportera plus que le travail, ils privilégieront les activités qui produisent les plus gros dividendes, même si elles ne répondent pas au nécessaire et encore moins à l’éthique la plus élémentaire. Et c’est dans ces activités là que se créeront en définitive les emplois, mais sans qu’ils constituent une réponse aux besoins de ceux qui, en France, meurent à petit feu de mal-logement, de malnutrition, ou de soins insuffisants.
C’est que ce ne sont pas le maraîcher qui produit nos légumes, ni l’aide soignante qui prend en charge des personnes en grande dépendance qui vont générer de gros dividendes. Ce sont plutôt les armes ou l’industrie du luxe ou d’autres productions à forte plus-value.
Je sais évidemment que nos systèmes politiques et économiques sont très complexes et que les chemins vers le progrès social sont sinueux. Mais il faut pourtant parfois poser des questions simples pour vérifier la pertinence d’un système complexe.
A-t-on par exemple davantage besoin de légumes et d’aide à la dépendance que de sacs ou de parfums de luxe et si oui, pourquoi diable un maraîcher ou une aide-soignante sont-ils si mal payés quand un actionnaire de l’industrie du luxe touchera, lui, de confortables dividendes?
« Redonner ensemble son sens au travail » voilà qui ferait un mot d’ordre magnifique et qui, au passage, éviterait sans doute aux Yéménites de se prendre sur la tête des bombes made in France…
Mais je crains que ce ne soit pas exactement ce menu là que nous proposent aujourd’hui les réformes macronniennes.