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L'université à Evreux: le droit ... Au Droit ?

Quand je vois les effets de manche de monsieur Lefrand et ses amis devant la fac de droit de Rouen pour contester la fermeture de son premier cycle universitaire à Evreux, je ne puis m’empêcher de sourire… Jaune bien sûr !

Le détricotage d’un pan du tissu universitaire d'Evreux sans que l’on en tricote à mailles très serrées d’autres pans qui soient en cohérence avec sa personnalité économique et sociale serait une catastrophe pour l'agglomération.

Je souris jaune parce que, si ma mémoire est bonne, le même monsieur Lefrand, à son arrivée, a réduit - modérément soyons honnêtes - la subvention de l’agglomération pour le site universitaire de Tilly. Cela dit, dans le même temps, c’est une réduction bien plus considérable que votaient ses amis du Conseil Départemental.

C’est dire l’intérêt que portaient alors au site de Tilly ces élus qui braillent aujourd’hui.

Il est vrai qu’à l’agglo, comme au conseil départemental d’ailleurs, quelques voix s’élèvent parfois pour rappeler que l’Université est une compétence d’État et qu’il n’y a donc aucune raison pour que les collectivités mettent la main à la poche.

Cela dit, le débat qui conduit l’université de Rouen à supprimer le premier cycle de Droit à Evreux me paraît être d’une autre nature.

Faut-il en effet maintenir des premiers cycles universitaires de proximité, là où, pour de nombreuses raisons, on ne se bouscule pas ? A Tilly, c’est moins de 150 inscrits théoriques en première année parmi lesquels une quinzaine seulement valideront leur seconde année.

Ne vaut-il pas mieux dans le contexte d’universités qui participent de réseaux internationaux de recherche, mailler le territoire, mais en y enracinant des unités qui soient en phase avec le tissu économique de chacun des sites choisis?

Il y a bien sûr l’accès aux études universitaires pour des jeunes à qui le déplacement et le logement loin de chez eux pose problème. Je ne crois pas pourtant que ce soit en leur offrant localement une palette très limitée de premiers cycles que l’on réglera cette question. Ou alors ce serait accepter qu’être désargenté condamne un jeune à ne pouvoir s’inscrire que dans les seules filières locales. Ce n’est pas parce qu’on est Ebroicien et que l'on a peu de ressources qu’il faut être condamné à ne pouvoir s’inscrire qu’en Droit.

Je préfère de loin que l’on aide ces étudiants à se déplacer là où ils trouveront la formation dont ils ont vraiment envie. Ou bien encore que l’on développe davantage le télé-enseignement dans ses déclinaisons les plus modernes et que l’on organise dans ce cadre, ou que l’on renforce, des cycles de regroupement à Tilly pour ponctuer ces « classes virtuelles » de rencontres plus réelles en présentiel.

S’agissant de ces aides (bourses dédiées) ou de ces organisations particulières, les collectivités, Agglomération, Conseil Départemental et Régional, ont sans aucun doute un rôle à jouer qui sera plus efficace que les effets de manche de samedi dernier.

L’autre rôle qu’elles doivent jouer concerne la définition et la défense de pôles d’excellence au cœur de leur territoire. C’est par exemple l’objet du Plan Stratégique de Développement économique que l’agglomération, dans ses anciennes frontières du GEA, a commencé de construire en 2013.

Rappelons-en les principaux axes stratégiques qui s’appuient sur des compétences reconnues dans le territoire :

- La sécurité sanitaire et environnementale

- La santé et les biosciences

- L’agriculture de haute technicité.

Ce plan stratégique est probablement l’un des facteurs qui a conduit à ce que le Contrat de Plan État Région ait prévu d’investir dans l’enseignement universitaire à Evreux et que soient évoquées des formations nouvelles comme une licence en sanitaire et social ou encore un master en filière pharmaceutique.

Il y a là un chantier dont je n’ai pas le sentiment qu’il soit encore aujourd’hui vraiment pris à bras le corps par l’agglomération. Quelles qu'y soient les majorités, il faut pourtant poursuivre dans ce sens et renforcer en particulier le dialogue avec l'Université.

La question centrale doit être celle d’un pôle universitaire cohérent qui exploite les richesses de notre tissu économique et social et qui, parce qu’il sera précisément en cohérence avec elles saura s’enraciner. Et nous voyons bien que ce discours, l'Université sait l'entendre.

Plutôt que des effets de manche que je crois bien stériles pour conserver à Evreux le droit … de conserver un premier cycle « hors sol », et qui est loin d’attirer les foules, c’est sur ce dialogue là qu’il faut centrer l'effort. On ne doit pas pour autant, c'est vrai, éluder la question de l’accessibilité des premiers cycles universitaires aux Eurois. Ce serait trahir notre jeunesse. Mais la question couvre un champ bien plus vaste que celui du maintien ou de la fermeture des deux premières années de Droit au centre de Tilly.

Il est plus que temps de renouer avec une véritable vision pour notre territoire, une vision qui dépasse la simple extension de ses frontières.

Il est plus que temps de rompre avec ce pragmatisme mou que brandit aujourd’hui monsieur Lefrand et qui ne consiste finalement qu’à subir en tentant de faire croire que l’on conduit.

 

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