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Ma chère Elise,

Il me faut t’écrire plus régulièrement, te conter quelques-unes de ces rencontres que me valent depuis un an des fonctions de délégué de la Défenseure des Droits et qui me prennent plus de temps et d’énergie que je l’imaginais.

Te les conter bien sûr, mais sans trahir le secret professionnel, en ne les évoquant qu'au travers de personnages qui les représenteraient sans pourtant les travestir trop. Un peu comme tante Mimi, héroïne d’une de mes nouvelles où le vent murmure dans les lavatères, ou comme monsieur Perasse qu’étouffent ses paperasses.

D’ailleurs il faudra bien aussi, à présent que Short Edition qui me publiait jusqu’alors n’accepte plus, tu le sais, que du Très Très Court, que je prenne le temps de construire et de publier un recueil de ces quelques nouvelles.

Les personnes que je rencontre sont des femmes et des hommes de la vraie vie, celle où l’on se retrouve parfois en cessation de paiement, celle où l’on ne comprend pas toujours bien les arcanes d’administrations, je veux dire de leurs plateformes téléphoniques et informatiques, devenues désespérément anonymes et qui déroulent leurs réponses sans que l’on ne soit jamais certain qu’elles aient convenablement traduit, ni même entendu, la question qu’on voudrait leur poser. Elles n’y peuvent rien ces administrations, et ceux qui y travaillent font le plus souvent tout ce qu’ils peuvent et plus encore ...  Mais on les a tellement élaguées qu’on les contraint à oublier les élans solidaires qui les ont créées.

Je gage que le nouveau premier ministre dont certains moquent la jeunesse n’a pas eu souvent l’occasion de rencontrer longuement de ces personnes de la vraie vie, même s’il a été conseiller municipal à Vanves. Pas à cause de son âge. Je crains seulement que son parcours ne se soit entièrement déroulé dans des espaces protégés, comme celui de son mentor le Président de la République qui, lui non plus, n’a vécu aucun de ces mandats locaux qui vous mettent vraiment en contact avec le quotidien. J’aurais compris, à l'inverse, la nomination d’un Sébastien Lecornu qui, quoique jeune lui aussi, s’est frotté à des élections municipales et départementales et aux responsabilités d’exécutifs territoriaux. A portée d’engueulade, pour reprendre la formule de Gérard Larcher. Je comprends plus difficilement celle de Gabriel Attal, personnalité « hors sol » qui redonde à la tête de l’exécutif.  

Ne te méprends pas ma chère Elise. Je n’adhère pas aux convictions politiques, ni de Sébastien Lecornu, ni de Gabriel Attal et encore moins à celles de monsieur Macron. On a fini par voir en effet au travers de réformes qui conduisaient à renforcer encore les inégalités, et dans ses modalités de gouvernance, la vanité du « En même temps » qu'il prônait.

 Depuis ses débuts le Macronisme a ses deux jambes à droite. Il tentait jusqu'à présent de le masquer en intégrant dans ses rangs quelques transfuges de gauche, quelques socialistes parmi ceux qui avaient tourné le dos au peuple depuis longtemps. Il ne prend même plus cette peine. Le gouvernement de monsieur Attal affiche désormais sa droite à visages découverts.  Il a même trouvé son égérie : Rachida Dati à la culture.

Bien à toi

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