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Une semaine glaciale

Ma chère Elise,
L’hiver nous fait un petit tour sur le devant de la scène, et puis il s’en ira. Dès la semaine prochaine janvier retrouvera les températures d’une fin d’automne, avec ou sans la pluie.
Enfant, je n’aurais pas imaginé que la neige et le verglas puissent donner lieu à un tel battage médiatique. D’abord et sans doute parce que les médias étaient bien moins envahissants et qu’ils avaient donc moins besoin de « marronniers » pour remplir l’espace ou le temps entre deux publicités. Ensuite parce que la neige, le froid et le verglas étaient de règle en hiver et que c’est leur absence qui nous aurait étonnés. Il fallait, pour qu’on en parle, qu’ils soient bien exceptionnels, et que l’on en meure comme en 1954 lorsque l’abbé Pierre a lancé son appel. Mais on en meurt aujourd’hui encore.
Je me souviens, ma chère Elise, du givre le matin sur les carreaux, quand ma mère n’avait pas encore relancé le poêle ; de batailles homériques sur le chemin de l’école, à coup de boules de neige ; de cette glissade au fond de la cour et que l’on entretenait en la mouillant, chaque soir, sous le regard bienveillant de notre instituteur.
Nous vivions l’hiver comme les autres saisons, avec le simple bonheur de vivre que, seuls, savent les enfants ; et quelques grands aussi qui en retrouvent parfois la saveur pour un moment
Mais je ne voudrais pas, Elise, que tu lises cette nostalgie de mon enfance comme militante et comme le regret d’un monde qui aurait été plus beau, plus   …
Lorsque je suis né, l’humanité sortait à peine d’une des guerres les plus féroces, les plus meurtrières, les plus destructrices aussi. Elle était censée rompre alors avec les idéologies racistes qui inventent leurs sous-hommes ; et elle prônait avec force la solidarité. 
Nous sommes loin de l’avoir pleinement réalisé.

La mondialisation, ce n’est pas la solidarité des peuples. Ce ne sont que nouvelles modalités du pillage des ressources de la planète au profit d’une petite partie de l’humanité.

Je sais que, disant cela, j’enfonce des portes ouvertes. Et pourtant je crains fort que ce ne soit pas l’opinion des nationalistes de tous poils qui fleurissent aujourd’hui, que ce soit par conviction ou par calcul politicien. J’inclus dans le lot le petit dernier, celui qui, curieusement, prônait cette semaine un « réarmement démographique » ou reprenait à son compte un slogan de Zemmour : « Pour que la France reste la France ».
Pour ma part, c’est l’idée de solidarité que je voudrais que l’on réarme. On ne peut pas dire en effet que le macronisme depuis près de sept ans ait réduit les inégalités ou la fracture sociale. Ce serait même l’inverse si l’on considère l’écart de patrimoine des plus riches et des plus pauvres.
C’est comme ce mois de janvier en Normandie ma chère Élise. Une semaine de gel ne change rien à la réalité dramatique du réchauffement de la planète et des dérèglements climatiques.  Pas plus que les réformes du macronisme ne changent les fondements d’un capitalisme où il ne s’agirait plus tant, pour un grand groupe du BTP, de faire les logements dont il est réellement besoin que de faire de l’argent.

Actionnaire oblige !

En fait, qu’ils soient du bâtiment, dans l’agro-alimentaire,  la pharmacie, le luxe ou que sais-je encore, tous ces groupes finissent par faire ce même métier: faire de l'argent, le plus et le plus vite possible. Et qu’importent les besoins les plus élémentaires de l’Humanité, qu’importe le climat.


Bien à toi.


 

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