17 Décembre 2024
Ma chère Elise,
Monsieur Bayrou choisit de conserver ses fonctions à la mairie de Pau, en plus de celles de premier ministre.
Il n’est pas le seul à cumuler ainsi, ni à s'imaginer indispensable tant à sa ville qu’au pays. Et puis, en ces temps d’instabilité, Matignon pourrait n’être qu’un logis bien éphémère et cela d’autant que, selon la rumeur, le vieux sage aurait un peu forcé la main du président dont il s’était longtemps cru l’ombre tutélaire.
Peut-être l’avait-il soutenu au début parce qu’il avait retrouvé dans l’audace et le bagout du jeune Emmanuel quelques traits de sa propre jeunesse. J’ai encore en mémoire le fringant ministre de l’Education Nationale, qui galopait jusqu’au micro, annoncé comme une rock-star, avant de haranguer l’assemblée des inspecteurs dont je faisais alors partie.
Peut-être aussi avait-il espéré manipuler le chantre du « En même temps », et renouer ainsi avec ses propres espérances de concilier l’inconciliable. Inconciliable parce que je crois en effet de plus en plus que ce pragmatisme qui affirme qu’il y a de bonnes idées partout, et qu’il suffit de les mélanger pour que tous dans nos sociétés y trouvent leur compte, n’est que l’une des façons de refuser de voir et de tenter de modifier la trajectoire que prend le pays. Cette ringardisation des courants politiques aura en effet, depuis 2017, accéléré, encore et surtout, la fracture sociale en amplifiant les inégalités.
En tout cas, que monsieur Macron ait eu la main forcée ou pas, il a confié les rênes du pouvoir à monsieur Bayrou et, pour la seconde fois, à un septuagénaire confirmé. Il en attend qu’il trouve les alliances qui lui permettront de poursuivre sur le chemin qu’il a ouvert, même si ce chemin, les Français l’ont massivement refusé.
Ce qui est effarant, c’est que cela montre à quel point il est incapable d’accepter l’idée qu’il ait pu avoir tort de vouloir tout régenter du haut de son siège élyséen et de nier la pertinence de tout choix politique qui ne soit pas lui, d’écraser des corps intermédiaires qui nuanceraient son propos et de dissoudre l’Assemblée nationale qui prétendait prendre son autonomie.
C’est cela qui m’étonne, beaucoup plus que la constance dont il fait preuve en nommant successivement deux septuagénaires à Matignon. Après tout, 1951 pourrait être un cru remarquable en politique. C’est l’année des premières barboteuses pour Michel Barnier, pour François Bayrou, Jean Luc Mélenchon et bien d’autres qui ont préféré, pour leur part, s’éloigner davantage des projecteurs. Peut-être ces derniers ont-ils eu tort d’ailleurs de quitter la scène. C’est qu’il n’est pas impossible que l’Histoire retienne le vingt-et unième siècle comme celui des septuagénaires et l’apogée des conservatismes.
Si l’on regarde en effet quelques-uns des puissants de ce monde, monsieur Poutine se maintient en Russie, monsieur Trump revient aux Etats-Unis et monsieur Xi Jinping a été réélu l’an passé en Chine pour ses soixante-dix ans.
Ne te méprends pas, ma chère Elise. J’ai, pour les têtes chenues, le plus grand des respects. Quant à l’année 1951, elle aura été pour moi aussi celle des premières barboteuses. J’en arriverais presque à me demander si pour les prochaines municipales à Evreux, …🤔😁
A propos, j’ai échangé quelques mots avec Michel Champredon ce matin dans une grande surface de la ville. On disait de lui, il y a quelques jours, dans la Dépêche … Mais il est encore loin des rives de Septante !
Bien à toi