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Tablemots

Usine amère

 

Le soir bleuit la brume et trace le contour
De luminaires qui filent sur la jetée.
Au loin ne s'étire plus qu'un vague faubourg,
Comme une couche où la mer s'est abritée.

Me revient alors cet horizon flamboyant
Que crachaient sur la forêt, en vagues dansantes,
Sous le manteau de la nuit d'un noir rougeoyant,
Les fourneaux de l'acier domptés par des atlantes.

Ils avaient emmené leur soleil d'Italie.
D'autres apportaient avec eux la longue plainte
De l'archet qui tisse avec mélancolie,
Sur les âmes blessées, sa douce complainte.

Identiques sous leur tablier de gros cuir,
Casqués, masqués, reflétant les jeux de la flamme
Ils veillaient à présent sur le feu, sans faiblir
Prolétaires soudés en un corps et une âme.

Où sont ces géants d’acier, paysans d’hier,
Fiers d’avoir enfoui si profond leurs racines
Dans cette terre dont ils labouraient le fer ?
Pourquoi leur a-t-on soufflé les feux de l’usine ?

Le soir bleuit la brume et trace le contour
De luminaires qui filent sur la jetée.
Au loin ne s'étire plus qu'un vague faubourg,
Bassin fantôme où la vie s’est arrêtée.

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