14 Décembre 2017
Le trou ouvre grand une bouche indécente,
Suintant la boue, le bord des lèvres parsemé
Çà et là de quelques dents de béton armé,
Ogre monstrueux, immobile en son attente.
Bulls et pelleteuses, pétrifiés de silence,
Ne poussent plus que des souvenirs délaissés,
Ou des rêves d'enfants que la vie a froissés,
Vers la bouche qui se repaît de leur errance.
L'immeuble dressait là, avant-hier encore,
Une façade grisâtre aux yeux fermés
De rangs de moellons, grossièrement maçonnés,
Que, comme une lèpre, la misère dévore.
Ils y avaient vécu de ces moments intenses,
Pétris de grandes joies ou de petits bonheurs,
De déceptions parfois, ou de grandes frayeurs,
Mélange subtil de grandeur, d'insignifiance.
C'est cette vie, qu'au bout du bras télescopique,
La pince à béton grignote inlassablement,
Cependant qu'ils regardent, avec étonnement,
Les murs vomir leur passé en torrents de briques.