10 Décembre 2017
J’ai terminé la lecture de « Confiteor » de Jaume Cabré.
Je ne connaissais ni le livre ni l’auteur, mais un ami me les avait recommandés et je crois bien que je lui suis redevable d’une découverte fantastique.
Que dire de ce livre ?
On ne peut le résumer en quelques lignes. Un érudit qui parle treize langues dont l’hébreu et l’araméen, un homme amoureux de l’art et surdoué sauf peut-être pour la vie, se confesse en 900 pages à la femme qu’il a aimée et avec qui il a vécu de belles intermittences. Il écrit en arabesques d’autant plus impatientes qu’il doit renoncer à lui même et qu’il n’a plus le temps.
Alzheimer a commencé de ronger son cerveau, ou plutôt de le pétrifier.
Que dire de plus ?
Parler du violon, un « Storioni » à la voix si belle ? Évoquer ces deux témoins que sont Kit Carson et Aigle Noir, deux figurines qui sont les confidentes d’une enfance qui ne finit pas ?
On ne peut pas raconter ce livre, pas plus qu’on ne peut raconter toutes les portes qu’ouvre en soi un tableau ou une pièce de musique. Pas plus qu’on ne décrit Le cri d’Edvard Munch ou le Miserere de Rouault.
« Confiteor », c’est toute une vie qui foisonne et qui se projette dans le siècle ... et dans les siècles, une vie qui creuse et fouille en elle jusqu’à y rencontrer l’inquisition et le nazisme. "Confiteor", c’est une interpellation constante de ce que sont l’Humanité et le Mal.
Passées les vingt premières pages dont la construction et le style déconcertent – Mais ne s’agit-il pas précisément d’une volonté de nous dépouiller de nos habitudes pour nous préparer à entrer dans ce « chaos » que Cabré organise avec talent - on ne parvient plus à lâcher l’ouvrage et il faut se faire violence pour retourner au quotidien.
Hier soir, j’en ai terminé les 300 dernières pages d’un trait, immobile dans mon fauteuil et sans aucune conscience du temps qui s’écoulait. Quand j’ai refermé le livre, je ne parvenais pas pour autant à quitter le monde de Cabré. Il était bien plus d’une heure du matin, et déjà j’avais l’envie de m’y replonger.
« Confiteor », ce n’est pas seulement un bon bouquin. C’est un chef d’œuvre fascinant et déconcertant à la fois. C’est une œuvre bouleversante, une de ces œuvres trop rares qui contribuent à transformer le regard que l’on porte sur le monde et sur l'Homme.
Un grand merci à mon ami Charles qui m’en a offert la lecture.