29 Avril 2018
Quelques soucis d'ordre personnel m'ont contraint à négliger mon blog. Mais me voici de retour pour un billet d'humeur, début, je l'espère, d'une nouvelle longue série...
Il y a un an, Emmanuel Marchons devenait Président de la République. On élisait ensuite comme Député à Evreux Fabien Gouttemarche, bellement cravaté comme un Marchons et bêlant la Marche comme un mouton
Voilà à présent que, dans la perspective des élections municipales, nous sort du bois un jeune marcheur à l’élégance aussi marchonnienne que le verbe, Guillaume Rougemarche, qui entend bien conquérir la mairie d’Evreux.
C’est un marcheur de haute volée. On le sent bien lorsqu'on lit ce qu’en dit un autre Guillaume, Guillaume Lejeune de Paris-Normandie.
C’est qu’il pige vite le Guillaume. Je parle de Guillaume Rougemarche. Il a vite pigé le ni-ni, ni droite, ni gauche ou plutôt « en même temps gauche et droite ». C'est que ça marche du feu de dieu ce truc là.
A la gauche locale, le jeune Marcheur emprunte la critique.
Il affirme, après elle mais sans la citer bien sûr, que le Maire d’Evreux n’a pas de projet global, qu’il lance de grands travaux d’embellissement de la ville pour masquer son incurie, et que son fameux pragmatisme l’a conduit à une boulette monumentale quand il a soutenu l’extension de la zone Carrefour. Guillaume Rougemarche nous fait sans vergogne du Timour Veyri.
A la droite, il emprunte l’idéologie de la compétition-concurrence partout.
Lefrand voulait réveiller Evreux, Rougemarche veut la « relever ». La ville doit être « motrice dans la formation, les nouveaux métiers, l’apprentissage etc. », elle doit « capter la croissance » Et notre Guillaume acte doctement que « Evreux livre une compétition contre les autres villes de l’Eure ».
De va-t-en marche, le voilà qui devient va-t-en guerre !
Promis-juré il proposera en 2020 un projet alternatif et ambitieux face au Maire actuel. Ou plutôt, nous dit-il, c’est son parti qui le proposera. Car c’est ainsi chez les marcheurs. On randonne ensemble, c’est à dire en rangs par deux, du même pas et en chantant d’une même voix la marche d’Emmanuel Marchons, le premier marcheur …
Mais que l’on me pardonne ce mouvement d’humeur.
D'autant que, au fond, j’aime bien Guillaume Rougemarche qui en réalité se nomme Guillaume Rouger et que j’ai connu il n’y a pas si longtemps au Parti Socialiste puis comme un proche de Michel Champredon.
Je l'aime bien et, peut-être même, si je n’avais pas décidé de quitter bientôt la vie politique et qu’à l’inverse je me sois présenté en 2020 à la mairie d’Evreux, aurais-je tenté de l’intégrer dans l'équipe municipale pour qu’il se confronte à la réalité de la ville, dont le quart des habitants vit sous le seuil de pauvreté, où les services publics sont plus que jamais nécessaires et où il faut, entre autres choses, maintenir et renforcer, voire réinventer les structures de solidarité et permettre que chacun puisse être acteur de son destin.
Peut-être cette première expérience lui aurait-elle permis de s’affranchir du « prêt à penser » qu’impose « En Marche » qui, paradoxalement pourtant, se voudrait locomotive d’un « nouveau monde » en opposition à un supposé « ancien monde» des partis politiques. Peut-être aurait-il alors libéré l'énergie et l'intelligence dont je sais qu'il ne manque pas. Dommage qu'il s'englue dans ce mouvement qui prétend renouveler les codes de la vie politique mais ne fait finalement que dépoussiérer d'autres codes bien plus anciens, ces codes qui renforcent la richesse et les privilèges des riches et qui, en même temps, fragilisent les pauvres.
En Marche, ou l’art de faire prendre des vessies pour des lanternes !