17 Mai 2018
Excellent article à propos de Normandy-Rock que nous a donné David Chapelle dans le dernier numéro de la Dépêche. L’association a tenu son assemblée générale sur la pointe des pieds et chuchote un déficit de plus de 100 000 euros en un seul festival quand, pour un déficit équivalent mais sur une période de dix ans, l’Abordage était mis au ban de la cité par un maire d’Evreux toujours prompt à dégainer lorsqu’il s’agit d’associations culturelles qui ne sont pas à ses ordres.
Je n’aurai pas la cruauté de revenir sur les propos de monsieur Lefrand lors du conseil municipal qui condamnait l’Abordage et confiait le festival rock , une manifestation qui pourtant portait une image positive d’Evreux bien au-delà des frontières du département, à une association de circonstance créée à la hâte et soi-disant « professionnelle ».
Au-delà des 109 000 euros de déficit de Normandy-Rock dont il a fallu attendre longtemps pour qu’ils soient enfin rendus publics, c’est toute la politique culturelle de la ville qui mérite d’être interrogée… Pour autant qu’il y en ait une. Se déroulent bien sûr de belles manifestations à Evreux, qu’elles soient portées par la ville comme le salon du livre jeunesse ou par des acteurs associatifs comme les rêveries d’Evreux ou encore le festival du film d’éducation. Mais c’est sans que soit lisible la cohérence de l’ensemble.
Il est vrai que le « ministre local » de la culture rêvait, comme il le disait dans la presse, de donner des Mystères médiévaux sur le parvis de la cathédrale pour attirer de partout des initiés. Il avait aussi tenté, sous un autre mandat et une autre étiquette, de créer une biennale dont on ne se souvient malheureusement que de la fameuse passerelle de Kawamata. Mais le premier édile, au comportement un peu monarchique, ne cherche lui, qu’à économiser sur la culture, y compris en dénaturant les grands évènements comme le festival rock ou en dévitalisant des associations, pourtant reconnues hors les murs de la cité, comme l’Abordage ou encore, il y a quelques années, le Méga-Pobec.
Il ne serait pas inutile finalement que soit consacré un conseil municipal exceptionnel à la présentation des objectifs de la politique culturelle municipale, et à leur discussion. C’est même essentiel, parce que, me semble-t-il, une politique culturelle locale, pour autant qu’elle s’appuie sur la vitalité d’un tissu associatif dense, contribue à construire un langage commun qui intègre l’ensemble des habitants comme participant d’une même cité.
Que le Maire d’Evreux se risque à l’organiser m’étonnerait pourtant. Je ne crois pas en effet qu’il ait en la matière quelque vision ni objectif que ce soit, pas plus d’ailleurs qu’il n’a de vision pour la ville. Monsieur Lefrand masque depuis longtemps sa myopie politique derrière un soi-disant pragmatisme. Il ne pratique finalement qu’une politique du petit coup qui n’est même pas celle du petit pas. Car pour faire un pas vers quelque chose, même petit, encore faut-il savoir dans quelle direction aller. Et je crains fort malheureusement que le maire d’Evreux ne le sache pas et, qu’au bout du compte, il ne réduise la Politique à quelques mouvements tactiques électoraux qui vont d’ailleurs se multiplier à l’approche de l’échéance de 2020.