31 Mai 2018
Ephémère, à la vie si brève qu'il ne peut que faire sien le "Carpe Diem" d'Horace.
Ephémère comme la gloire médiatique de jeunes pages de la politique qu'on ne verra sans doute jamais devenir chevaliers, même s'ils en crèvent d'envie.
Le temps était à l'orage lundi soir en conseil municipal … et quelques "jeunes pages" debout sur leurs ergots. La séance nous avait été présentée pourtant comme une presque obligation technique et sans gros enjeux. Mais c'est souvent au travers de choix techniques que l'on devine une politique.
La création d'une SPL pour assurer la maîtrise d'ouvrage des grands projets de la ville et de l'agglomération peut être lue par exemple, non pas comme un accélérateur de projets, mais comme une façon d'occulter des besoins en personnels de la mairie. On créera les emplois nécessaires au suivi des projets communautaires et municipaux, mais au sein d'un organisme extérieur, et donc sans qu'ils apparaissent dans le budget de la ville. Il n'en demeure pas moins que si la SPL se retrouve en difficulté, ce sera tout de même le contribuable qui paiera au bout du compte.
Moins de fonctionnaires et plus de techniciens sous contrat privé... La ligne politique est claire.
Le festival rock, dont nous n'avons malheureusement pas vraiment pu débattre puisque le maire s'était bien gardé d'en diffuser les comptes aux conseillers municipaux, en est un autre exemple.
Il était ancré dans le tissu associatif de la ville. La municipalité, chargeant de tous les maux l'Abordage qui le portait pourtant depuis des années jusqu'à en faire un incontournable des musiques actuelles, l'a démantelé pour le confier à une association de circonstance dont l'assemblée générale peut tenir dans une grosse cabine téléphonique. Elle se réjouit aujourd'hui qu'il se "privatise" totalement.
Etouffer la dynamique associative et financer, au moins aussi cher, et sans doute davantage, l'initiative privée, même si sont radicalement différents les objectifs et les effets de l'une et de l'autre… Là encore la ligne politique est claire.
L'affaire du dispositif de financement du permis de conduire est d'une autre nature.
La municipalité pose le postulat que le permis de conduire est l'urgence absolue pour tous les jeunes. Il paraît même que "dans le cadre de la grande consultation, les habitants avaient plébiscité cette action en faveur de la jeunesse" nous dit le projet de délibération. On sait ce qu'était cette "grande consultation" juste un peu bidon. Mais après tout, prendre sur l'impôt pour aider des jeunes en difficulté financière à passer le permis pourquoi pas ?
Ce n'est pourtant pas cela qui est prévu. Et le dispositif proposé est tellement maladroit et mal ficelé qu'il en ressemblerait à une escroquerie intellectuelle. La municipalité ne met en effet pas un sou supplémentaire dans l'affaire. Elle ne fait que prendre sur la ligne budgétaire des vacations pour abonder sa ligne "permis de conduire", et ce n'est pas sans conséquences.
Tous les ans en effet elle a besoin de jeunes vacataires qu'elle recrute pour assurer la continuité des services en été et particulièrement l'encadrement d'activités de loisirs. La moitié d'entre eux seront dorénavant payés non plus en euros mais en "permis de conduire". Cerise sur le gâteau, la mairie se dispense au passage de leur établir des bulletins de salaire, économisant ainsi sur les charges sociales. On paye en œufs et en lapins en quelque sorte.
La où un jeune étudiant pouvait gagner un SMIC et choisir de s'en servir pour se payer le nouvel ordinateur dont il avait besoin, on ne lui laissera plus choisir désormais ce qui pour lui est prioritaire. Ce sera le permis de conduire ou rien... Ajoutons à cela que la délibération ne fait état d'aucun critère social ni de compétence pour les recrutements mais qu'elle pose une discrimination manifeste vis-à-vis des jeunes de nationalité étrangère en réservant son dispositif d'aide aux jeunes inscrits sur les listes électorales...
Bref, du grand n'importe quoi mais que défendront malgré tout quelques jeunes pages de la politique qui , pourvu qu'on les voit, sont prêts à faire feu de tout bois... Oubliant qu'ils ne sont bien souvent qu'éphémères.