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Lefrand, droit vers le gouffre tous feux éteints

Ce qu’il y a de surprenant chez monsieur Lefrand, c’est qu’un conseiller municipal en apprendra plus sur ses projets et ses excès en lisant la presse qu’en courant les commissions.

Encore que !

 Même, s’il prend soin « d’informer » la presse, il se garde bien de tout lui dire et il a fallu que La Dépêche se décarcasse vraiment pour trouver quelques éléments sur le dernier audit des finances municipales.

La dette d’Evreux dépasse les 80 millions d’euros, ce qui est sans doute proportionnellement plus important que les 86 millions de début de mandat, compte tenu d’une démographie et d’une dynamique en berne ainsi que des recettes que la simple mécanique des transferts de compétences à l’agglomération a amputées sérieusement.

Le budget de fonctionnement du coup ne dégage plus en lui-même suffisamment de ressources pour rembourser l’annuité de capital de cette dette.  Et la ville, au bord de la faillite, est contrainte à une course aux cessions de patrimoine. On vend terrains et bâtiments par petits bouts mais à tour de bras.

Il pourrait s’agir d’une démarche vertueuse si l’on inscrivait ces cessions de terrain ou de bâti dans un projet global et raisonné, qui donne à la cité une dynamique nouvelle. C’est ainsi en effet que l’on renforce des bases fiscales qui consolident ensuite les recettes dans la durée. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit aujourd’hui.

Aujourd’hui, la ville paraît plutôt être prise à la gorge et devoir vendre dans l’urgence, et dans le désordre. Sans cadre précis, elle ne fait que tenter de colmater tant bien que mal les brèches du budget. Mais le plus grave, c’est qu’elle s’est elle-même étranglée.

Soyons honnêtes, monsieur Lefrand ne porte pas à lui tout seul toute la responsabilité de l’histoire des finances de la ville.

Les années Plaisance par exemple ont laissé une dette considérable (de l’ordre de 100 millions d’Euros) mais qui correspond à l’impérieuse nécessité qu’il y avait alors d’équiper une ville dont la démographie explosait.

La municipalité suivante, consciente pourtant de l’énormité des sommes à rembourser, a pour sa part choisi, dogmatisme oblige, de baisser ses recettes en baissant les impôts. Elle a fini par s’en sortir, le temps de son mandat. Mais ce n’a été qu’en vendant elle aussi du patrimoine dans le plus grand désordre, en spéculant sur des couvertures d’emprunts pour le moins exotiques et en différant une part du capital qu’elle avait à rembourser (15 millions) et dont elle a laissé la charge à ceux qui seraient aux affaires pour le mandat suivant.

La spéculation a rapporté un temps avant de coûter des fortunes aux finances municipales. L’absence de réflexion urbanistique a laissé, à la place de l’hôpital, une friche au destin incertain dans un centre-ville qu’avait déjà fragilisé le départ de nombre de professions libérales sur la zone du Long Buisson, devenue pour partie zone franche et nouvel eldorado. Enfin, le différé de remboursement de 15 millions de capital est venu grever les échéances de 2008 à 2018, fragilisant ainsi durablement l’autofinancement.

Sans doute la municipalité suivante, à laquelle je participais, aurait-elle dû être plus prudente, ne pas multiplier les projets pharaoniques et donner toute priorité à l’entretien et la rénovation du patrimoine existant. Mais finalement c’est ce qu’elle a fait dans la réalité, même si ce n’est pas exactement ce que souhaitait le maire d’alors. La salle de sport et de spectacles en particulier n’est jamais sortie des cartons et, si la Smac a fini par être lancée, le gros des paiements aura pesé sur la municipalité Lefrand.  Quatorze millions ont pourtant été annuellement investis durant ce mandat, avec, au bout du compte, un encours de dette avoisinant les 86 millions d’euros.

Cet encours a néanmoins été largement nettoyé et débarrassé du plus gros de ses emprunts à risque. Et si, à l’arrivée de monsieur Lefrand, la situation des finances municipales était tendue, il y avait tout de même en regard des pistes sérieuses pour la consolider, et la construction du schéma de développement de la ville et de l’agglomération était solidement engagée.

Nous en sommes loin aujourd’hui et de cela monsieur Lefrand est responsable.

Force est de constater en effet que, malgré les recommandations répétées de la chambre régionale des comptes, malgré mes demandes répétées en conseil municipal, et au mépris du bon sens le plus élémentaire, il n'a versé au débat aucun programme prévisionnel d’investissements qui projette les recettes et les dépenses de la ville, ne fût-ce que sur un moyen terme. Et il serait bien en peine de le faire puisqu’il n’en dispose pas lui-même, faute de l'avoir bâti. Il prive ainsi la ville d’une visibilité pourtant plus que nécessaire dans un contexte d’argent devenu rare. Il  agite bien , au fur et à mesure des conseils municipaux et des conférences de presse, quelques idées au nom d’une hypothétique attractivité qu'il se garde d’ailleurs de définir. Mais il n’a pas au fond de direction bien fixée.

Et c’est là que réside la véritable faiblesse de sa gouvernance. Que des finances publiques passent par des phases de tension n’est pas en soi catastrophique. Mais il y a alors deux conditions. La première est que l’on soit capable de regarder en arrière, y compris les errements auxquels aura conduit une succession de postures de municipalités qui auront trop souvent confondu dogmatisme et politique. La seconde est que l’on se donne les moyens  de disposer d’une bonne visibilité devant,  loin devant, que l’on allume ses phares en quelque sorte.

Manifestement, monsieur Lefrand préfère continuer de foncer dans la nuit tous feux éteints. Et comme la ville est au bord du gouffre …

 

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