12 Septembre 2018
Monsieur Benalla a bien du mal à sortir des écrans… A moins que ce ne soient les écrans qui meurent d’envie de le garder prisonnier, comme un insecte dans le feu d’un lampadaire.
Le voilà qui donne des leçons de démocratie au Sénat. Dans un entretien accordé à France Inter, il qualifie le président de la commission sénatoriale de « petit marquis » et ses membres de « petites personnes ». A croire que son protecteur a déteint sur lui. Le " petites personnes " rappelle en effet "les gens qui ne sont rien" que monsieur Macron opposait, il y a un an, aux "gens qui réussissent".
Finalement, le comportement de ce monsieur Benalla n’est peut-être qu’une projection accidentelle de la réalité du pouvoir qui se cache sous une communication bien policée.
C’est qu’on nous sert un Président de la République virtuel, qui serre des mains, descend d’un jet, prend un bain de foule, lit un discours ou s’affiche avec une épouse au look très série américaine du temps de Dallas ou de Dynastie.
Mais ce Président-là est-il bien réel ? Quand les caméras sont absentes, son langage est-il moins châtié ? Tient-il des propos politiquement très incorrects ? Rigole-t-il avec monsieur Benalla de sa dernière incursion, déguisé en policier dans une manif ?
J’ai croisé dans ma carrière quelques élus de haut vol qui, après des journées entières passées à se contrôler pour éviter le « politiquement incorrect » et donner ainsi une image de gendre idéal, se lâchaient et devenaient machos, grossiers… voire très grossiers. Je ne sais si monsieur Macron fait partie de ceux-là. J’espère que non, même s’il avait inclus monsieur Benalla et les quelques faiblesses qu’on lui connaît à présent dans son cercle le plus restreint.
Il y aurait bien une solution pour éviter ce décalage fréquent entre le comportement en privé de ceux qui nous gouvernent et les images mi- lisses, mi- people qu’ils préfèrent diffuser.
Une poignée de technocrates et de lobbyistes dirigeraient le pays et contrôleraient l'opinion. Ils se projetteraient dans les chaumières sous la forme d’un président totalement virtuel. Plus de bugs alors, plus de Benalla, juste une légende bien propre et rassurante que l’on déroulerait de quinquennats en quinquennats.
Après tout, des maisons de couture, ne créent-elles pas aujourd’hui des mannequins virtuels. Miquella, jeune femme de 19 ans inventée de toutes pièces, affiche plus d’un demi-million d’abonnés sur Instagram. Fabriquer un Président de la République tout aussi virtuel, c’est juste un petit peu plus compliqué à réaliser mais ce n'est pas impossible… Et je crains bien d'ailleurs que nous ne soyons déjà en marche pour ce faire.