7 Juillet 2024
Ma chère Elise,
Timour n'est pas élu. L’écart du premier tour était trop important. J’en suis vraiment triste pour lui, et pour toutes celles et ceux qui se sont mobilisés et ont soutenu sa candidature. J’en suis attristé aussi pour notre circonscription qui continuera donc de ne pas être bien représentée par la députée du RN dont j'ai évoqué déjà le vide de son action. Timour député, c'était tout de même autre chose !
Je suis heureux en revanche du résultat dans notre pays. L’extrême droite était aux portes du pouvoir nous avait on asséné à grands coups de sondages et tout au long des commentaires des éditorialistes. En définitive, elle ne dispose même pas d’une majorité relative et ne se situe qu’en troisième position. C’est le Nouveau Front Populaire qui arrive en tête réalisant ainsi quelque chose d’extraordinaire. Ou plutôt ce sont les Français qui le réalisent avec un taux de participation inédit au scrutin.
Je suis heureux et, à bien des égards, soulagé. Pas totalement cependant. Il reste encore à faire l’essentiel, mettre en œuvre des politiques qui emportent l’adhésion des Français. Et la tâche n’est pas si facile. La gauche ne dispose en effet que d’une majorité très relative.
Il y a, à mon sens, deux écueils qu’il lui faut éviter à tout prix sous peine de naufrage.
Eviter tout d’abord de perdre de vue le contrat de législature et la volonté de justice sociale qui en est la colonne vertébrale. Ce contrat, c’est ce qui lie les formations du Nouveau Front Populaire. C’est également ce qui lie le Nouveau Front Populaire au peuple qui l’a placé en tête ce soir. La volonté de justice sociale, c’est l’âme même de la Gauche et elle se disqualifie quand elle ne la place pas au premier plan.
Le second écueil serait de perdre de vue qu’une part des Français a voté contre les forces d’extrême droite mais sans véritable adhésion à notre projet. Cela suppose de gouverner en écoutant beaucoup. Cela suppose d’accepter des compromis qui permettent d’engager l’action. Monsieur Macron l’a négligé après s’être fait élire pourtant lui aussi par rejet de l’extrême droite et sans véritable adhésion à un projet qu’il s’était d’ailleurs bien gardé de soumettre au débat. S’il n’a pas vraiment fait naufrage, il est pour le moins échoué aujourd’hui.
L’équation n’est pas simple à résoudre, ma chère Elise. Il faudra que la Gauche prenne le temps de se trouver des alliés, de convaincre au-delà de son seul camp. Mais pas trop de temps tout de même. Parce que pour nombre de nos concitoyens, pour les neuf millions de pauvres en particulier, il y a urgence.
Il faudra donc louvoyer, faire quelques détours. Mais garder le cap. Surtout garder le cap. Ne pas le quitter des yeux. Ne jamais lui tourner le dos. Car ce ne serait plus un détour alors, mais un renoncement. Et ce renoncement-là, les Français ne le pardonneront pas, ne le pardonneront plus. Pour en revenir à Timour, ma chère Elise, il avait bien compris cette double nécessité. Et c'est pour moi une raison de plus de regretter qu'il ne soit pas élu.
En participant massivement au scrutin d'aujourd’hui, nos concitoyens viennent de nous donner le mandat de les rassembler pour un avenir commun et solidaire. Une chance de les rassembler... Et sans doute après celle-là n'y en aura-t-il plus d'autre avant longtemps.
Alors ne la laissons pas passer cette fois.
Bien à toi