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La gauche irréconciliable à Evreux ?

Etrange cet article dans Paris-Normandie de ce lundi : « La gauche est-elle irréconciliable à Evreux » ?

Mais de quelle gauche parle-t-on ?

Quatre portraits de « personnalités » qui seraient irréconciliables.

Alain Nogarède sourit, satisfait sans doute d’avoir une délégation du maire LR d’Evreux, lui qui est passé du Parti Socialiste aux divers gauche pour finalement ne plus représenter que lui-même. Michel Champredon, l’ex maire d’Evreux prend l’air pincé  de quelqu’un qui se demande s’il n’a pas fait une boulette en quittant le PS pour le PRG avant de se présenter sous le costume d’un macronien de gauche. Timour Veyri porte quant à lui une cravate aussi empesée que le regard. Le journal ne lui a pas rendu service en ressortant une image d’archives plutôt vieillotte. Mais Timour est pourtant celui qui a sans doute le moins de passé et le plus d’avenir. Quant à Maryvonne Hannoteau, son sourire est calme. C’est le sourire d’une militante passionnée et qui ne cherche pas à se déguiser en notable.

Posés en constellation autour d’eux, quatre petits pavés : un pour les « mélenchonistes », un autre pour l’extrême gauche, une publicité pour un salon du bien-être (cela ne s’invente pas),  et une autre pour « un ancien élu qui n’a plus de responsabilités au sein du PCF eurois ».

A quoi peut bien servir cet étalage sur deux pages pleines ?

A dire vrai, je me le demande encore après avoir lu l’article dans lequel on ne dit rien …  Rien d’autre en tout cas que quelques banalités sur quelques vagues alliances que l’on pourrait faire ou défaire. Le degré zéro de l’analyse politique.

Et il y en aurait à dire pourtant sur l’alternative nécessaire à la politique désastreuse que mène aujourd’hui la municipalité Lefrand.

Au nom de son soi-disant pragmatisme, le maire d’Evreux laisse en effet le département fermer le collège du quartier de la Madeleine par exemple. Au nom de ce pragmatisme, il en laisse disperser les enfants aux quatre coins de la ville, pour défendre la mixité sociale, sans se rendre compte qu’il ne fait que la mettre à mal en vidant le quartier de ses services publics. Au nom du pragmatisme, il laisse le département mettre en vente le site de l’IUFM qui constitue pourtant un repère fort dans la ville, et il ne se soucie pas de ce qu’en fera l’hypothétique acheteur. Au nom du pragmatisme, il laisse l’extension de la zone carrefour à la périphérie de la ville fossiliser le centre de la cité. Au nom du pragmatisme …

Sait-il au moins qu’un quart des habitants de sa ville vit en dessous du seuil de pauvreté ? A-t-il conscience que la collectivité qu’il pilote constitue pour eux le premier recours et qu’il ne faut pas le perdre de vue quand on veut en bouleverser ou en laisser bouleverser les structures.

C’est en construisant une alternative à ce pragmatisme délétère que la gauche saura s’unir… En le remplaçant par de la politique, de la vraie, celle qui s’appuie sur des valeurs et sur une vision de l’avenir.  Mais encore faut-il qu’elle commence dès maintenant à y travailler et qu’elle accepte de mettre à plat ses valeurs. Je crains fort en effet que derrière les mots « social », « solidarité », « laïcité » et bien d’autres encore, tout le monde ne mette pas exactement la même chose.

De la construction de cette alternative, de cet avenir possible, de cette nécessité, l’article de Paris-Normandie ne parle pas. Il me parait pourtant probable que tout cela ait été évoqué.

Mais présenter aujourd’hui une gauche exsangue et en placer sur un ring quelques survivants « irréconciliables », c’est tellement plus dans l’air du temps et c’est tellement plus vendeur !

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