22 Octobre 2018
Souvent le diable se cache dans les détails.
Ainsi, le mail que j’ai reçu ce matin, qui annule la commission municipale N°1 du 31 octobre et lui substitue une réunion groupée des commissions 1 et 3, sous la présidence de madame Beauvillard, pourrait paraître anecdotique.
Il ne relèverait que d'une tambouille technique qui ne concerne pas nos concitoyens, s'il n'y avait à l’ordre du jour, les orientations budgétaires de la ville dont la commission des finances (commission N°1) est censée se saisir.
Dans le contexte de la guerre ambiante au sein de la majorité à propos de dérives budgétaires réelles ou supposées, le document qui doit servir de support au débat d’orientation budgétaire du 5 novembre mérite en effet d’être analysé dans le détail, questionné, voire dénoncé s’il conduit à des perspectives financières trop hasardeuses. C’est par nature un travail de commission.
Evidemment, si la commission 1 se réunit de façon autonome comme elle l'a toujours fait et comme il était initialement prévu, elle sera présidée par Ollivier Lepinteur, l’adjoint aux finances que le maire vient de « virer ». Il a en effet été élu par les membres de sa commission pour la présider. Et autant monsieur Lefrand peut retirer d’un trait de plume une délégation, autant il ne peut défaire si simplement l’élection d’un président de commission. La seule solution pour lui serait éventuellement de présider lui-même. Mais il courrait alors le risque d’être fortement contredit par son désormais ex-adjoint aux finances appuyé par d’autres voix, et même d’être mis en difficulté si le débat financier devenait trop pointu et dépassait le champ de sa culture budgétaire.
C’est pour lui un choix difficile, je le conçois. Cela dit c’est un choix qu’il n’aurait pas eu à faire s’il avait partagé, au début de son mandat, la volonté de transparence budgétaire qui aura conduit Sébastien Le Cornu par exemple à confier la présidence de la commission des finances du département à Alfred Recours, pourtant membre de son opposition, ou Hervé Morin à confier celle de la commission des finances de la Région à Marc Antoine Jamet.
Monsieur Lefrand, pour sa part, a préféré alors le confort tranquille d’une commission des finances présidée par un de ses vassaux.
Mais quand le vassal soudain s’oppose …. Rien ne va plus.
Alors le voilà réduit à user d’expédients. Il regroupe ou plutôt il noie deux commissions l’une dans l’autre et elles seront, heureux hasard, présidées par sa première adjointe qui lui est restée fidèle.
Va-t-il, ce faisant, jusqu’à espérer empêcher le risque que se dégage une majorité hostile à ses orientations budgétaires et qu’il soit alors confronté lors du conseil municipal du 5 novembre à de sérieuses contre-propositions ? Espère-t-il pouvoir s'en tenir une fois encore à l'une de ces caricatures de débat d'orientations budgétaires dont il est coutumier, avec un document squelettique, sans mise en perspective des investissements qui indique les prévisions de recettes et de dépenses correspondantes, une de ces caricatures où la majorité échange des sourires narquois en écoutant d’une oreille distraite l’habituelle critique de l’opposition, qui sera cette fois juste un peu renforcée par quelques frondeurs?
Je ne sais pas s’il le fait consciemment ou pas. Mais ce regroupement de commissions, si bien venu pour lui, vide pour partie celle des finances de sa substance, au moment précisément où les questions sur la capacité budgétaire de la ville devraient conduire à la renforcer. Il choisit finalement de continuer à rouler de nuit tous feux éteints. Et pour que nul ne le contraigne à les rallumer, le voilà qui démonte carrément les phares.