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Sous le masque de la Démocratie

Ma chère Elise,


Il y avait longtemps que cela couvait. Longtemps que l’on faisait semblant.

On le voyait bien qu’elle était malade. Mais on ne voulait y voir qu’une maladie bénigne, qu’une petite fièvre de croissance. Et surtout il ne fallait rien lui dire. Il fallait qu’elle continue de se croire solide et quasi éternelle, alors qu’elle était en train de s’étioler et peut-être même de mourir.
Peut-on parler encore de Démocratie vivante quand le peuple reste silencieux, que le Président de la République, élu pourtant contre le front national, ne l'a été que porté que par moins de la moitié des citoyens, que le maire de la ville où je vis l’est par moins d’un cinquième et que dimanche prochain, les patrons des Départements et des Régions le seront peut-être par moins d’un dizième.
Lorsque je suis aller voter avant-hier, il n’y avait dans les deux bureaux installés à l’intérieur du gymnase de l’école de Navarre que leurs présidents et quelques rares assesseurs. Je n’ai pas eu longtemps à attendre et j’ai même pu bavarder avec eux longuement sans que cela ne dérange le moins du monde le déroulement d’opérations électorales engluées dans la pétole. 


Qu’il est loin le temps des débats publics, celui des rêves et des idéaux. Qu’il est loin le temps des camarades, celui des partis qu’on n’avait pas tout à fait réduits à des plates-formes électorales, et qui  étaient  encore des lieux d’expression, des lieux d’échange et diffusaient ensuite dans les villages et les quartiers.
 Aujourd’hui, c’est la télé et les réseaux sociaux qui fabriquent les rêves et formatent les idéaux. Ce sont eux qui diffusent, pour l’une des mots de plus en plus creux, pour les autres des violences de plus en plus vaines. Et parfois même c’est l’inverse ou les deux à la fois.
Je crains fort que dimanche prochain rien ne change encore. Et je finis par douter de l’existence d’un monde d’après qui soit plus serein, plus solidaire, plus humain.  J’espère un sursaut, mais je n’y crois plus guère.

Peut-être est-ce depuis que j’ai abordé Septante.


Dimanche prochain, les politologues jeunes ou vieux mais aux opinions toujours policées, les habitués des plateaux, jeunes ou vieux, et pour certains jeunes déjà vieux, viendront commenter l’élection comme on le fait d’un spectacle sportif. On désignera les vainqueurs et les vaincus. On s’étripera courtoisement et entre-soi. On dira peut-être, à mots convenus, que la Démocratie est un peu malade et que c’est la faute au covid, aux vacances, à la pluie…

Mais on se gardera bien de dire qu’elle n’a plus guère de vitalité et que, même, elle est emprisonnée depuis bien longtemps.
C’est Ploutocratie, une de ses cousines lointaines qui l’a éliminée et qui gouverne aujourd’hui sous le masque d’une vague ressemblance et de quelques slogans.     A moins que ce ne soit juste notre indifférence. 


Bien à toi.
 

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