Macron chaperon

Ma chère Elise,

Connais tu l’Inconnu de ce tract de campagne?

Je viens de le recevoir. Pas l’Inconnu bien sûr… Juste le tract.

Il y sourit.

A son côté, mais légèrement en retrait comme l’étaient autrefois les anges gardiens, s’est pétrifié le Président dont le demi-sourire, plus énigmatique que jamais, capte tellement l’attention qu’il en efface presque l’image de son candidat.

Elle est terrible cette mise en scène qui oblige à un effort constant pour qui veut regarder le candidat plutôt que son maître.

Elle est terrible. Mais n’est-elle pas simplement le reflet de ce que deviennent des parlementaires qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes à force de l’être d’un Président trop impérial.

L’Inconnu du tract, ma chère Elise, c’est pourtant le député en exercice dans la circonscription depuis cinq ans.

 Je me suis demandé si ce besoin qu’il a, aujourd’hui encore, de la statue de monsieur Macron en première de couverture n’indique pas qu’il peine à exister par lui-même sur notre territoire.  Et j’ai trouvé ma réponse dans les sept pages suivantes.

J’y ai cherché le député pour n’y trouver que le Président.

Que veux tu, la dynamique des partis politiques est passée de mode. Ce sont les clans qui aujourd’hui ont le vent en poupe. Des clans bien pyramidaux comme il se doit, autour d’une personnalité que ses inféodés adulent. Et il n’y a plus que sa parole qui ruisselle sur des vassaux jusqu’à en dissoudre l’image.

C’est le cas du clan de monsieur Macron.

Et sans doute est-ce pour cela que dans notre circonscription, son député est de nouveau contraint de faire campagne, chaperonné par le Président, comme l’étaient autrefois par des matrones les jeunes filles de bonne famille pour le bal des débutantes.

Débutant, il ne l’est pourtant plus ou ne devrait plus l’être. Mais ce n’est pas simple d’apprendre à danser… en godillots.

Bien à toi