Nouvelle Union Populaire Ecologique Et Sociale

Ma chère Elise, 

Le conseil national du parti socialiste a validé cette nuit les termes de l’accord passé avec la France Insoumise, rejoignant ainsi nombre de forces de gauche. Ce n’est pas exactement le sursaut qu’espérait Grégoire dans La Tentation, ma dernière nouvelle, mais c’en est un et qui me paraît prometteur. 

Il ne s’agit pas en effet pour toutes les sensibilités concernées de se dissoudre dans une même potion que touillerait un Jean Luc Mélenchon, cuisinier chef avant que d’être chef de gouvernement ; mais d'un accord qui évite une multiplication des candidatures de gauche et écologistes dans chaque circonscription pour que ne se reproduise pas, dans chacune d’elle, le scénario du second tour des présidentielles.

Et au bout du compte, toutes les sensibilités signataires disposeront de leur propre groupe parlementaire. 

Ne pas se rassembler pour le combat des législatives, ne pas s’y mettre en ordre, c’est continuer de décevoir le peuple de gauche qui n’attend qu’un signe assez fort pour se mobiliser.

Ne pas se rassembler pour le combat des législatives, ne pas s’y mettre en ordre, c’est rendre à monsieur Macron les godillots qui lui permettront de poursuivre son chemin ; celui qui conduit à tout changer pour qu’au fond rien ne change, et que les riches s’enrichissent quand les pauvres s’appauvrissent, sur fond de pillage et de gaspillage des ressources de notre planète.  

J’ai lu bien sûr, ma chère Elise, les états d’âme de telle ou telle personnalité socialiste inquiète de ce qu’elle considère comme la fin d’un idéal de social-démocratie qui a permis à son parti de gouverner. C’est une inquiétude légitime, mais est-ce pour autant une réalité ?  

Si la social-démocratie se veut réaliste en s’accommodant de l’économie de marché, elle n’en exige pas moins un partage équitable des fruits du progrès. Mais encore faut-il se mettre d’accord sur la nature du progrès et l’équité d’un partage dont je suis loin d’être certain qu’elle progresse vraiment. Et à cet égard, la France d’aujourd’hui où la fracture entre pauvres et riches croît tout autant que la courbe de l'abstention est-elle l'archétype de ce que peut produire l’idéal de social-démocratie ?

J’espère bien que non.  

En tout cas, que le parti socialiste s’inscrive dans le cadre d’un accord électoral qui permette que la gauche, dans pratiquement toute ses sensibilités, puisse disposer d’une vraie place dans la représentation nationale, est déjà en soi un acte refondateur. Parce qu’il affirme ainsi la priorité qu’il donne tant à l’équité du partage qu’à la qualité du progrès.  

Il l’avait déjà fait il y a un peu plus de cinq ans en désignant Benoît Hamon pour les présidentielles de 2017. Une part non négligeable de ses membres avait alors rejoint monsieur Macron.  

Sans doute cette fois-ci une dernière frange le rejoindra-t-elle encore, espérant participer ainsi à la marche du navire et tenter de lui donner un petit coup de vernis social. Je crois même qu’elle le fera de bonne foi.

Mais lorsque je regarde, ma chère Elise, la direction que prend le navire depuis quelques années, je me dis que sa destination est peut-être bien devenue aujourd'hui  la question la plus importante. Au moins l’accord avec La France Insoumise accepté par l’équipe d’Olivier Faure a-t-elle le mérite de la poser sur la table. 

Bien à toi