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Composer, et entrer dans l'action

Ma chère Elise,

J’ai entendu Marine Tondelier ce matin. Dans les quatre vérités sur la 2. Décapante et rafraichissante. Fatiguée aussi, comme commencent à l’être je crois ceux qui ont placé leur confiance dans le Nouveau Front Populaire.

Elle renvoie dos à dos les négociateurs du PS et ceux des Insoumis. Les uns pour avoir rejeté l’hypothèse de Huguette Bello à Matignon, les autres pour avoir rejeté celle de Laurence Tubiana.

Sans doute avaient-ils les uns et les autres tout un tas de bonnes raisons, tactiques ou stratégiques. Peut-être avaient-ils déjà en perspective le coup d’après, une nouvelle dissolution éventuelle dans un an ou la prochaine élection présidentielle, au point de laisser en arrière-plan, pour ne pas dire oublier, les enjeux du moment.

Ce sont en effet plus de neuf millions de pauvres qui nous attendent et quelques millions de ceux que l’on appelle les classes moyennes et pour qui l’arbitrage des dépenses n’est pas toujours simple.

Ce sont également les deux tiers des Français qu’a inquiétés la percée du Rassemblement National au point qu’ils se sont mobilisés comme jamais pour la contenir. Mobilisés jusqu’à soutenir, pour certains, des candidats qu’ils auraient récusés en d’autres temps. Tout le monde n’a pas eu en effet la chance de voter, comme j’ai pu le faire, pour un candidat de son camp.

Les urnes ont placé le Nouveau Front Populaire devant, et l’obligent, parce que sa majorité est très relative, à composer. Composer, comme nombre d’électeurs ont dû le faire qui ont été contraints dans l’isoloir à choisir ce qui leur semblait le « moins pire ».

On ne peut pas, lorsqu’on est un leader politique, demander aux citoyens de faire ce qu’on est incapable de faire soi-même.

Composer, cela ne veut pas dire renoncer à ses valeurs, ni même à son programme, surtout quand il s’agit de contribuer à créer les conditions d’un monde meilleur.

Le Nouveau Front Populaire est devant. Tant qu’il demeure uni, c’est son programme, son contrat de législature qui légitimement doit servir de base, et être le cap pour les deux ou trois ans à venir. Si l’une ou l’autre de ses composantes demande le divorce, il n’aura en revanche plus de majorité ni absolue ni relative. Quant à son programme …

Composer, cela signifie faire confiance au collectif, à sa force.

Composer, c’est accepter l’idée que les équilibres se trouvent dans l’ensemble du gouvernement et pas seulement sur le nom d’un premier ministre aussi porteur de symbole qu’il puisse être.

Composer, c’est accepter pour de vrai l’idée que la Nation est représentée par 577 députés et que leur débat est essentiel.

Ne pas l’accepter, c’est remettre en cause le vote de nos concitoyens, le vote républicain qui, pour une fois, renoue avec une participation convenable. Près de 70%, après des années de baisse constante.

Je sais que ce n’est pas facile de négocier ma chère Elise. Il m’est arrivé de devoir le faire, à des niveaux bien plus modestes bien entendu. Et je ne méconnais pas les difficultés, les répercussions de telle ou telle prise de position sur les équilibres entre les groupes partenaires et à l’intérieur même de chacun de ces groupes – ceux-là sont peut-être les plus compliqués à maîtriser - .

Mais on ne peut traîner davantage. Les Français se lassent d’attendre. Et ne comptons pas sur les vacances comme sur une pause bien commode. Ceux qui attendent le plus, ce sont les plus pauvres, ceux qui précisément ne partent pas en vacances. Ceux pour qui l’urgence est devenue vitale. Ne les désespérons pas.

Bien à toi

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