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Pas à pas : gagner d'abord pour éviter le pire

Ma chère Elise,


Je discutais tout à l'heure au téléphone avec une amie qui déplorait qu’un candidat accepte de se désister et de soutenir un adversaire du premier tour. 
Dans les circonstances actuelles où un parti nationaliste d’extrême droite est aux portes du pouvoir, cela ne me choque pas que des formations républicaines décident, pour lui faire barrage, de s’unir au-delà de leurs divergences, aussi fortes soient elles. C'est un chemin que l’Histoire à déjà emprunté lorsqu’il était nécessaire.
Et je trouve tout aussi légitime qu’un candidat indique aux électeurs qui lui ont fait confiance au premier tour ce qui lui paraît être la moins mauvaise voie pour le second, non par adhésion nécessairement mais parce qu’il considère que l’autre voie proposée est éminemment dangereuse pour la République.

On choisit au premier tour, on élimine au second.


Au bout du compte, Il appartiendra de toutes façons à chaque citoyen ou citoyenne de faire son propre choix dans le secret de l’isoloir. C’est le principe même d’une démocratie.  Le Président de la République devra ensuite tirer les conséquences du vote, et désigner un premier ministre. 
Et la nouvelle Assemblée Nationale cherchera les compromis nécessaires, soit pour composer une hypothétique majorité, soit pour construire des majorités dossier par dossier. Ce sera par définition difficile. Mais il faudra bien que la France soit gouvernée, ne fût-ce que durant l’année de délai nécessaire avant une éventuelle et nouvelle dissolution.


Dans ce contexte bien particulier, on a vu dans la circonscription des prises de position électorales pour le second tour franches et nettes, d’autres un peu plus, comment le dire ma chère Elise, plus tarabiscotées. 
Mais je crois au fond que même ceux qui, à droite, soutiennent le candidat du Front Populaire du bout des lèvres et masquent leur appui derrière un Ni-Ni qu’ils ont nuancé de quelques fanfreluches, ont mesuré la gravité du moment autant que l’incurie singulière de la candidate Rassemblement National, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'a guère marqué le territoire, ni le Palais Bourbon, durant ses deux années de mandat. 
L’essentiel cette semaine, c’est à mon sens d’éviter que les clés de la France ne tombent entre les mains d’une extrême droite que l’on n’a jamais essayée nous dit-on… Depuis Pétain. Et c’est l’objet premier de ce rassemblement qui se forme au deuxième tour.  Cela n’engage pas les candidats à se renier pour autant. Et je sais Timour Veyri très attaché à l’alliance des gauches et son contrat de législature. Mais il leur faut garder la porte ouverte - Difficile de rassembler autrement -, et commencer d'apprendre sans doute à évoluer dans une législature qui promet d'être très compliquée.

Cela dit, peut-être sa complexité même obligera-t-elle finalement à ébaucher les bases d’une autre façon de gouverner, à inventer d’autres règles qui rapprochent les élites et le peuple et qui garantissent une Démocratie authentique.  En tout cas, je l'espère. Parce que la sauce quinquennat, affadie d’un parlement plus ou moins godillot, et dont on a arrosé la cinquième république, est tout de même bien lourde à digérer. Et elle nous a peut-être rendu tous un peu somnolents, au point d'avoir fait semblant de croire que ces nationalismes délétères qui se multiplient dans le monde ne nous concerneraient jamais.

J’espère ma chère Elise qu’il n’est pas trop tard. Allons voter dimanche.


Bien à toi 
 

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