Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Tablemots

Lettre à Elise, Ecolo un jour Ecolo toujours

Ma très chère Élise,

Enfin nous entrons à Évreux dans le vif du sujet. La campagne électorale ne se résume plus au décompte des trophées et des défroqués. La longue litanie des promesses se déroule à présent sous le regard attentif de la presse qui cherche à en extraire la substantifique moelle. Elle interpelle les candidats sur des thèmes précis qui sont autant de petites boites, trop étroites pour certains quand d’autres n’ont à y verser que de longs copeaux de mots.

Ce n’est sans doute pas très différent dans les autres villes de notre doux pays où l’on a cultivé des années durant toutes les variétés de promesses paradoxales, jusqu’à ce que monsieur Macron en ait labellisé une souche particulièrement résistante et qu’il a brevetée sous le nom de « En Même Temps ». Elle en est au stade de l'industrialisation depuis plus de deux ans et se décline aujourd'hui de mille façons. C’est en même temps l’écologie et les glyphosates, en même temps un plan pauvreté et l’enrichissement des riches sur le dos des pauvres, en même temps le renouveau démocratique et l’engodillotement croissant de l’assemblée nationale…

A Évreux avant-hier, c’est sur le thème de l’écologie que la Dépêche interrogeait les candidats. Peu de créativité à vrai dire. De celui qui affirme être un écolo de toujours ou presque, mais qui clame en même temps qu’il faut surtout ne contraindre personne, à celui qui rêve de faire d’Évreux la « merveille verte » des parisiens, en passant par celui qu’ont rejoint les écolos canal historique… tous étaient d'humeur verte ce jour-là. 

Écolo un jour, Écolo toujours ! Mais je crains que les promesses de cet aphorisme ne soient aussi volatiles que celles des temps électoraux.

« Merveille Verte » par exemple, voilà qui sonne comme le titre d’un film d’animation des studios Dreamworks au début des années 2000.  S’agissant pourtant d’une production du couple terrible que forment Emmanuel Rouger et Edouard Bourrelier, rompus à toutes les subtilités de la langue macronnienne, cette merveille verte sera vite affublée d’un « En même temps » dont je crains le pire.

Faut-il que je m’étende encore sur l’écologisme de monsieur Guy dont je t’écrivais il y a peu qu’il vantait, dans son bilan, ses réalisations de pierre et de béton... Mais qu’il y occultait soigneusement l’essentiel, et en particulier son Plan Local d’Urbanisme Intercommunal qui jette les bases de l’agglomération de demain , mais qui est loin d’être un modèle en termes de politique environnementale.

J’aime bien en revanche l’engagement de Vincent Breuil. Je t’en ai peu parlé jusqu’à présent, consacrant davantage mes lettres à monsieur Guy, qui me fait voir rouge à chaque fois que je lis une de ses outrances. Vincent Breuil est quelqu’un que je connais un peu et dont je crois les convictions sincères. Lorsqu’il prône la gratuité des transports publics par exemple, ou qu’il dénonce l’insuffisance des parcours cyclables de monsieur Guy, je ne peux qu’adhérer à son propos. Si j’ai peine à imaginer pourtant que puisse facilement aboutir cette volonté qu’il affiche d’une rupture radicale avec toutes les politiques menées jusqu’alors, mais également avec les organisations politiques, je n’en suis pas moins attentif au projet qu’il porte avec ses amis et qu’il entend bien partager avec les Ebroïciens.

Un mot pour finir sur Timour Veyri.

Il y a longtemps que je travaille avec lui, tu le sais ma chère Elise. Et je partage pour beaucoup ses convictions. Je t’en parle dans chacune de mes lettres, rappelant qu’à la différence d’autres candidats, il assume son appartenance politique. Et il rassemble, sans avoir besoin pour cela de donner dans la démagogie du ni droite ni gauche. Il s’affirme au contraire clairement de gauche. Et, comme lui d’ailleurs, je sais que les politiques de droite et de gauche sont, quoi que prétendent certains, radicalement différentes, y compris à l’échelle d’une municipalité.

Si je prends par exemple la longue histoire de la friche des usines de Navarre, le choix de la municipalité de droite, à laquelle participait à l’époque monsieur Guy, avait été de ne pas s’en mêler. A partir du moment où un promoteur privé s’y intéressait, pourquoi, nous disaient-ils, « dilapider » l’argent du contribuable dans l’achat d’une quinzaine d’hectares pollués. C’est qu’on veut croire, à droite, que l’initiative privée finit toujours par rejoindre l’intérêt commun.

A gauche, à l’inverse, s’agissant de ce qui est essentiel, on préfère d’abord affirmer l’intérêt commun. Et une emprise foncière de l’ampleur de celle des usines de Navarre, les enjeux environnementaux qui s’y attachent, et particulièrement les problématiques de l’eau, justifiaient que la collectivité s’assurât de sa maîtrise , quitte à déléguer ensuite telle ou telle part de son aménagement à un promoteur privé. L’essentiel c'est d’abord la cohérence de l’ensemble dans le souci de l’intérêt commun. On a fini par voir, et en particulier les habitants du quartier de Navarre qui ont subi durant plus de quinze ans la proximité de cette friche de plus en plus dégradée, les conséquences de ce choix de la droite de 2004, plus idéologique que maladroit.

Mais j’en reviens à Timour Veyri et à sa réponse aux questions de la Dépêche. J’ai eu l’impression, en les lisant, qu’il s’y était senti trop à l’étroit. C’est que l’urgence écologique ou écologiste est tellement ancrée dans la réflexion de son équipe qu’elle en finit par toucher à tous les domaines de la vie municipale.  Et n’en parler qu’autour de quatre questions précises en devenait sans doute bien réducteur.

Voilà ma chère Élise les quelques nouvelles un peu tardives que je voulais te livrer. Il y en aura sans doute bientôt d’autres.

Porte-toi bien.

Bien à toi.

 

Pour qui préfère écouter cette lettre

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article