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Lettre à Elise, Sept candidats pour un fauteuil

Ma très chère Élise,

On ne peut pas dire que les candidats à la mairie d’Évreux se soient défoulés mercredi soir, lors du débat organisé par FR3 Normandie, ni qu’ils aient vraiment dialogué d’ailleurs.

Pourtant Émilie Leconte et Laurent Philippot ont animé et régulé les échanges avec beaucoup de conviction. Ils ont tenté à plusieurs reprises de muscler le débat et de transformer la succession des monologues en une authentique confrontation. En vain !

Il y a bien eu quelques belles attaques, toutes ciblées sur monsieur Guy, mais pas vraiment de débat. Il faut dire qu’à cinq, c’est pratiquement impossible à construire quand on ne dispose que d’une heure et qu’aucun des protagonistes n’est un familier des plateaux de télévision.

J’espère un débat de second tour un peu plus dynamique, même si je suis loin d’y croire. Je devine que nous serons plutôt dans une configuration proche puisque le second tour risque bien de se jouer en quadrangulaire. Je vois mal en effet comment Timour Veyri et monsieur Guy n’en seraient pas. Il est probable que de Vincent Breuil et du candidat macronien, l’un ou l’autre en soit aussi. Et je crains fort que le rassemblement National ne s’y invite.

Quant aux fusions et autres constructions acrobatiques d’entre deux tours, elles seraient plus que délétères. Comment imaginer en effet que la liste du candidat macronien qu’ont rejointe les dissidents de la majorité municipale puisse se rapprocher de celle de Timour Veyri qui rassemble les forces de gauche ? Ou comment imaginer qu’elle se rapproche de celle de monsieur Guy qu’ont trahi ces mêmes dissidents... ? Je sais, ma chère Élise, que nous avons assisté ces dernières semaines à une belle valse des défroqués, mais de là à en faire le prélude de combinaisons malodorantes d’entre-deux tours il y a un pas que je me refuse à franchir.

Pour en revenir au débat de mercredi soir, même s’il n’était qu’un feuilleté de monologues, il a tout de même permis aux spectateurs de découvrir un peu plus les candidats, particulièrement lorsqu’ils ont eu carte blanche pour développer un sujet qui leur tenait particulièrement à cœur.

De cœur, Vincent Breuil n’en a pas manqué lorsqu’il a parlé de sécurité. Un toit, de quoi manger, un emploi, bref être assuré du nécessaire, voilà ce qu’est d’abord la sécurité nous a-t-il lancé. Son engagement social fait tellement partie de lui qu’on ne peut s’en étonner.

La sécurité, c’est aussi le thème qu’avait choisi monsieur Guy, allez donc savoir pourquoi .  Mais lui le décline en caméras de surveillance et en policiers. Et il se fixe pour objectif 2 caméras et 1 policier pour 1000 habitants.

 Peut-être veut-il protéger la ville de ceux qui précisément ne sont pas assurés du nécessaire et que Vincent Breuil veut protéger, lui. Et ce n’est pas tout à fait qu’une boutade, ma chère Élise.

Dans la Dépêche du 28 février, monsieur Guy considère, nous dit-on, que « Les bailleurs sociaux ont tué Navarre en amenant des précaires ». Et les « précaires », qui n’auraient rien à faire à Navarre, ce sont bien ces familles qui ne sont pas assurées du nécessaire.  Mercredi soir, durant le débat télévisé, il enfonce le clou. Parlant cette fois de la cité Lafayette dans le quartier de Saint Michel, il lance un « certains voulaient y faire des logements sociaux, mais nous, nous préférons la qualité ».  

Faut-il déduire de cette opposition entre logement social et « qualité » que les familles qui ne sont pas assurées du nécessaire et qui n’ont pas leur place à Navarre ne l’ont pas davantage à Saint Michel ? Et si l’on exclut le centre-ville, que monsieur Guy veut rendre attractif à grands coups de places d’armes pavées et de trésors archéologiques, que reste-t-il ? La bonne vieille politique des quartiers ghettos, rénovés soit, mais, si l’on n’y prend garde, ghettos tout de même.

Étonnant de la part d’un maire qui n’a pas défendu le collège Pablo Néruda, au contraire, et qui a agité l’argument de la mixité sociale pour en justifier l’injustifiable fermeture et la dispersion des enfants du quartier de la Madeleine dans tous les collèges de la ville?

Sans doute nommera-t-il « pragmatisme », comme à son habitude, cette incohérence.

Je me suis interrogé également sur les intentions du candidat Macronien qui a choisi comme carte blanche les familles et la politique familiale. Je n’ai pas grand-chose à en redire. Il m’a pourtant donné l’impression de ne parler que de familles Le Quesnoy, et pas du tout de familles Groseille. Mais peut-être n’est-ce lié qu’à sa raideur devant la caméra.

Si tu as l’occasion de regarder le débat en différé, tu me diras ma chère Élise s’il y a là quelque réalité ou si ce n’est que déformation de ma part. Il est vrai que depuis quelques années, et particulièrement durant ce dernier mandat, les politiques mises en œuvre morcellent la ville,  opposent les citoyens par grandes catégories, et, je le crains, finissent par définir implicitement des catégories positives et d’autres qui le seraient moins. Tout cela m’insupporte.

C’est l’une des raisons qui font que j’ai plaisir à soutenir Timour Veyri. Lui parle de rassemblement. C’est d’ailleurs ce qu’il a choisi pour carte blanche, mercredi soir. Il ne s’agit pas du rassemblement factice de « ceux qui aimeraient Évreux », mais qui semblent ne pas aimer les « Précaires » dans les quartiers qu’ils fréquentent. Le rassemblement dont parle Timour Veyri, c’est celui de tous les quartiers et de tous les citoyens. Il passe par l’association des Ebroïciens aux décisions, par de la transparence, y compris budgétaire,  et donc par une confiance réciproque et retrouvée.

Vois-tu Élise, la liste de Timour Veyri ne se proclame pas liste citoyenne, mais je crois bien pourtant, à écouter le propos de celui qui la représente durant cette campagne électorale, qu’elle porte bel et bien en elle les germes d’une révolution citoyenne.

Bien à toi

Pour ceux qui préfèrent écouter que lire

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