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Une nouvelle maison de quartier à Navarre

Ma chère Elise,

C’est un voyage en pays de nostalgie que j’ai fait samedi dernier à l’inauguration de la maison de quartier de Navarre. Nous étions nombreux à attendre que s’achèvent les discours pour tenter de pénétrer dans les locaux (on ne pouvait y entrer que par groupes de dix encadrés par deux agents), ou pour échanger des impressions.  J’ai croisé et bavardé pour ma part avec quelques anciens, quelques-uns de ceux que j’avais connus à l’Amicale de Navarre dans les années 90, Daniel Foubert en particulier à qui j’avais succédé à la présidence de l’association.

Nos locaux se répartissaient alors entre la place de Navarre et la rue Dulcie September, dans le voisinage immédiat des écoles maternelles et élémentaires. S’y ajoutait une petite salle annexe rue des Quinconces, et puis la pétanque, derrière l’église et que présidait à l’époque Georges Le Gac. Elle avait alors le statut d’une section de l’Amicale, la plus importante en nombre d’ailleurs, et sans doute la mieux structurée. 

C’est tout le quartier qui se mobilisait pour que vive l’Amicale de Navarre au quotidien, bien au-delà du noyau de bénévoles militants, pour beaucoup des parents d’élèves.

Lorsque j’en ai été élu président, nous étions bien trop à l’étroit dans nos locaux, bien à l’étroit aussi dans nos créneaux réservés d’équipements sportifs et il fallait jongler avec les plages horaires pour que fonctionnent au mieux les vingt-cinq ou trente sections sportives et culturelles qui rassemblaient alors plus d’un millier de participants.

C’était un autre temps, celui où les usines de Navarre avaient encore un peu d’activité et continuaient de marquer le quartier de leur empreinte. 

Je crois en effet Elise que, si je me suis installé, avec tant de plaisir dans le quartier de Navarre à la fin des années 80, c’est parce que son ambiance avait alors les teintes et le parfum des cités du bassin sidérurgique où je suis né et où j’ai vécu toute mon enfance et mon adolescence. J'y ai retrouvé un peu de cette solidarité cordiale autour des jardins ouvriers par exemple, que l’on appelle ici jardins familiaux, ou autour des terrains de pétanque, appliqués et festifs comme l’étaient les jeux de quille que l’on trouvait dans chaque commune du pays haut lorrain. J’y ai retrouvé également cet accueil bon enfant de ses boutiques, boulangerie, boucherie, charcutier traiteur, fleuriste, poissonnier (Hé oui Elise, il y a eu un poissonnier à Navarre) … 

Puis le quartier s’est transformé. L’Amicale est dissoute depuis trois ou quatre ans. Elle a été mise en liquidation. Les usines de Navarre, c’était il y a vingt ans.

Samedi, lorsque j’écoutais les discours, me sont revenus à l’esprit les femmes et les hommes que j’avais connus à l’Amicale, et qui avaient donné de leur personne pour apporter un supplément de vie au quartier, autour d’activités sportives et culturelles, ou simplement comme petites mains lors de la fête annuelle. Certains étaient présents dans la foule des spectateurs. D’autres ont pris désormais des chemins différents, ou bien ils ont disparu.

Le maire, dans son propos, s’est félicité de cette magnifique réalisation, de cette maison de quartier attendue depuis longtemps et dont les habitants allaient enfin pouvoir bénéficier. 

C’est vrai qu’elle était attendue et que les locaux qui ouvriront d’ici quelques semaines ou quelques mois sont superbes et paraissent particulièrement spacieux, en tout cas de l’extérieur puisque je n’ai pas encore eu l’occasion d’y entrer.

Il a souligné également la pertinence de son emplacement, citant quelques repères aux alentours comme Cora devenu carrefour, la Halle des expositions, le futur nouveau quartier de Cambolle, l’hippodrome … et, plus proche, la maison de santé.

Je me suis demandé s’il n’attendait pas, en élargissant ainsi le périmètre de Navarre, que cet équipement rayonne au-delà, et cela d’autant qu’il n’a pas dit grand-chose de la vie du quartier à proprement parler, ni de son tissu associatif. Je ne me souviens pas par exemple (mais peut-être ai-je été inattentif) qu’il ait évoqué la Jeanne d’Arc, pourtant très proche et acteur historique, ni le collectif des abeilles, ni le passage des arts, ni la MJC qui porte le centre social depuis la liquidation de l’Amicale, ni la pétanque si ce n’est pour rappeler qu’Alain Nogarède, qui donne son nom au bâtiment, en était un passionné.

Mais peut-être le maire a-t-il pensé que le tissu associatif, ce n’était pas le sujet du jour.

Et pourtant, il faudra bien que cela le devienne très rapidement.

Une maison de quartier n’a de sens que si, précisément, elle s’ancre dans son quartier et qu’elle contribue à en fédérer les énergies … et à en susciter de nouvelles. 

Il faut que les habitants de Navarre se l’approprient et en soient acteurs. Cela passe par un tissu associatif local solide. Il a été bouleversé ces dernières années, en même temps que s’accéléraient, avec la fin de l’activité des usines entre autres, les transformations du tissu urbain et de la démographie du quartier.

J’espère que cet équipement marquant, que l'on a inauguré samedi, aidera à renforcer ce tissu nécessaire, à le diversifier aussi, et que son mode de gestion ne conduira pas à l’inverse. Cela suppose que la collectivité y soit très attentive. C’est en effet, dans le quartier de Navarre, une nouvelle page qui est en train de s’écrire et dont j'espère qu'elle renouvellera l’envie de ses habitants d’y vivre, et d’y vivre ensemble. 

Bien à toi

 

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