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Tablemots

Lettre à Elise, la dette de la ville grimpe et les températures aussi

Ma chère Elise,

Tu n’imagines pas à quel point je me suis ennuyé jeudi dernier en assistant au conseil municipal.

Je ne m’attendais pourtant pas à un débat électoral, ni à d’ultimes règlements de compte… mais sans doute pas davantage à cette soupe tiédasse qu’on nous a servie en guise de présentation des dossiers financiers.

Quant aux oppositions, pour autant d’ailleurs que le duo de la République en Marche s’inscrive bien dans l’opposition, elles n’ont ferraillé sur ces sujets qu’à fleuret moucheté. C’est que ce n’est pas simple de communiquer sur les questions financières dont le public n’écoute souvent les développements que d’une oreille distraite.

Il y avait pourtant beaucoup à dire, et bien au-delà du propos de Guillaume Rouger, le premier opposant à prendre la parole sur le compte administratif. Il est resté sur un champ technique qu’il connaît sans doute bien, mais sans en déduire vraiment quelque enseignement que ce soit qui puisse éclairer le champ politique… c’est-à-dire venir soutenir de grandes priorités pour les prochaines années et au-delà.

Cela dit, Peut-on lui en vouloir. Il vient d’arriver et, après tout, la majorité municipale, au pouvoir depuis six ans pourtant, s’en est montrée tout aussi incapable que lui.

Il y avait à dire sur la dette déjà.

La baisse de son encours affichée dans le compte administratif 2018 aura été bien éphémère, en trompe l’œil comme nous l’avions prévu. Et le compte administratif 2019 fait apparaître un redémarrage sévère   (+ 3 millions en 2019).  On sait de plus, d'ores et déjà, que cet endettement progressera de  5 millions supplémentaires en 2020.

 Adjoint aux finances, j’avais laissé dans mon dernier compte administratif, celui de 2013, un encours de 80,6 millions d’euros. Le voilà aujourd’hui à 81,8 millions, et il sera à 87 millions en 2020. Cela n’a pas empêché l’équipe Lefrand, qui dirige les affaires de la ville depuis 2014 inclus, de clamer durant toute la campagne électorale qu’elle avait désendetté la ville. Elle s’est appuyée pour ce faire sur le compte administratif 2018 où l’endettement est miraculeusement tombé à 78 millions. Elle a laissé croire qu’elle n’était pour rien dans le bilan de 2014 qui le voit s'envoler bien au-delà du niveau de 2013.  Et, lorsqu'en définitive elle dit qu'elle désendette la ville, c'est par rapport au pic où elle avait elle même mis l'encours en 2014.

Plus c’est gros et plus ça passe.

Je vais éviter de tomber à mon tour dans le discours soporifique et je t’épargnerai donc, ma chère Elise, le moment des orientations budgétaires dont le rapport ne fait que noyer le lecteur dans un délire de détails inutiles, pour masquer sans doute  son absence totale de vision à moyen terme.

Un point pourtant que Timour Veyri a souligné mérite qu’on s’y arrête, et il nous ramène à l’endettement.

Figure-toi qu’une des délibérations proposées au vote, et qui a d’ailleurs été votée, donne délégation au maire pour emprunter avec des durées de remboursement qui peuvent aller jusqu’à 35 ans…

Imagine ma chère Elise !  un emprunt dont le remboursement pèserait sur les nouveaux nés de cette année jusqu’à ce qu’ils aient atteint l’âge de 35 ans, c’est-à-dire jusqu’en 2055 !  

C’est fou. C’est complètement fou que l’on donne une telle délégation et qu’on autorise des conditions d’emprunt aussi exorbitantes sans exiger à chaque fois un débat préalable qui en justifie l'opportunité.

Je sais que cela n’aurait rien changé au résultat du vote, mais l’opposition aurait dû soumettre un amendement qui oblige le maire à passer à chaque fois devant le conseil municipal avant de signer pour un emprunt dont la durée de remboursement dépasserait les quinze ou vingt ans.

L'amendement aurait été rejeté. Qu’importe ! Au moins aurait-il contraint le maire à défendre ses raisons en toute transparence. Je ne peux en effet m’empêcher de faire le lien entre cette augmentation des durées de remboursement dont il dispose désormais librement et l'encours de la dette qui file jusqu’à des niveaux plus critiques encore qu’il n’y paraît au premier abord.

Lorsque je laissais en effet dans le dernier CA du mandat où j’étais adjoint aux finances, celui de 2013, une dette de 80,6 millions d’euros,  les recettes de la ville étaient alors de 92 millions et la dette n’en représentait donc que 87 %.

En 2019, dernier CA du mandat de monsieur Lefrand, la dette est passée à 81,9 millions, mais pour des recettes de l’ordre de 81,5. Elle en représente aujourd'hui un peu plus de 100% … et, avec 87 millions prévus en 2020, elle en représentera 106%.  

C’est un peu, toutes proportions gardées évidemment, comme un ménage qui se serait endetté pour acheter sa maison et dont les revenus baisseraient au fur et à mesure du temps. Il n’aurait plus alors le choix que d’allonger la durée du remboursement pour en baisser les mensualités, de vendre, ou d’être saisi.

La dette d’une collectivité n’est pas de même nature bien sûr. Mais il n’empêche que dans une telle situation, il faut être plus attentif que jamais à la dépense, c’est-à-dire au choix des priorités. Et c’est là que l’on doit passer d’un discours de gestion budgétaire à un discours politique. C’est là que l’on doit se montrer capable de regarder loin devant. C’aurait dû être l’objet du débat d’orientations budgétaires, et c’est d’ailleurs ce qui le légitime.

Mais le maire persiste, semble-t-il, à vouloir avancer tous feux éteints. Pas de vrai débat donc, faute d'un rapport convenable qui le prépare.

J’espère que cet aveuglement volontaire ne se traduira pas ma chère Elise par la construction d’autres places minérales, à l'instar de celle de l'hôtel de ville, où s’amplifient les canicules et qu’on est contraint aujourd’hui d'équiper de brumisateurs ! wink Et les Shadocks pompaient et les Shadocks pompaient ... 

Ah ma chère Elise !

Bien à toi

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