15 Juin 2024
Ma chère Elise,
Quinze jours.
Il ne reste que quinze jours pour convaincre la France qu’entre les sirènes nationalistes d’une extrême droite bien de chez nous et le surplace trépignant d’un macronisme sans âme, il y a un passage encore que monsieur Macron croyait avoir définitivement obstrué.
Je craignais pourtant hier encore que, jouant cyniquement la démocratie à la roulette russe pour tenter de se refaire, il ne conduise immanquablement le rassemblement national au gouvernement.
Les jeux semblaient faits et la Macronie balayée par l’extrême droite. Ce serait un bastion nationaliste de plus en Europe, et bientôt l’ambiance va-t-en-guerre qui l'accompagne.
Mais voilà que la dissolution de l’Assemblée Nationale découvre une autre voie. Voilà que contre toute attente les formations de gauche, fortement poussées par leurs militants, se rassemblent en un nouveau Front Populaire. Les voilà de nouveau capables de laisser de côté leurs différences et leurs engueulades, et qui s’accordent sur de premières mesures de bon sens pour les classes populaires et les classes moyennes.
J’entends que sur tout l’arc de la droite, on crie au loup et que l’on dénonce une alliance contre nature qu’auraient fait avec l’extrème gauche les socialistes, les radicaux, les verts, les communistes … Tous se seraient trompés et n’auraient pas su voir l’ombre de Pol Pot ou de Staline dans l’âme de la France Insoumise, et qui étoufferait celle la gauche tout entière avant d’étouffer demain le pays.
Certains, pour l’ en prémunir, prônent même un contrat de gouvernement avec l’extrême droite. En d’autres temps, en d’autres lieux, ceux-là auraient probablement préféré Franco aux Républicains et Pétain à De Gaulle.
Pour ma part, je ne vois pas ce qui serait contre nature dans ce nouveau Front Populaire qui se soude aujourd’hui face à l’extrême droite, et qui renoue avec la défense des intérêts du peuple, ceux des travailleurs. Qu’il y ait des divergences, même d’importance, entre les sensibilités de gauche qui s’allient aujourd’hui n’est pas chose nouvelle en effet.
J’ai le souvenir d’un temps où dialoguaient et s’engueulaient aussi, dans un parti socialiste polymorphe, des Hollande, Jospin, Mélenchon, Hamon, Fabius, Lienemann, Montebourg, Emmanuelli, Rocard, et tant d’autres personnalités, attachantes ou contestées selon les moments. Et cela n’a pas empêché alors la gauche de gouverner et de marquer notre histoire de réformes fortes et d’acquis sociaux sur lesquels nul (sauf Macron) n’a sérieusement songé à revenir.
Le mouvement était trop rapide pour certains, trop lent pour d’autres. Et parfois même la Gauche a donné le sentiment d’avoir perdu son cap, de s’être dénaturée.
Qu’elle se rassemble aujourd’hui en un nouveau Front Populaire montre qu’elle l’a retrouvé ce cap. Sans doute lui aura-t-il fallu pour ce faire ces années d’un macronisme, qu’elle a pour partie engendré, et qui n’aura fait en définitive que diviser le pays en y amplifiant les inégalités.
Quinze jours.
Il ne reste que quinze jours pour convaincre que notre chemin est praticable. Puis il faudra commencer de reconstruire le vivre ensemble.
Je vais pour ma part faire campagne dans l'instant avec Timour Veyri et Christine Le Bonté qui sont les candidats Nouveau Front Populaire dans ma ville.
Et toi ma chère Elise?
Bien à toi