24 Juillet 2024
Ma chère Elise,
Elle se nomme Lucie Castets.
Elle était dans l’ombre et la voilà propulsée sur le devant de la scène, proposée comme un premier ministre possible par le Nouveau Front Populaire.
Son CV me paraît remarquable, et que son nom fasse consensus à la table des négociations des quatre formations de gauche concernées n’est pas la moindre de ses qualités. Il va donc falloir aujourd’hui que les détracteurs Du Nouveau Front Populaire, trop heureux jusqu’alors de stigmatiser une incapacité supposée de la Gauche à se mettre d’accord, trouvent à porter leur critique sur d’autres champs. Et je gage que les coups ne vont pas manquer, y compris les coups les plus bas, façon Trump.
Lucie Castets sera particulièrement exposée. Il faut que tous les progressistes fassent aujourd’hui bloc autour d’elle, que les militants, le « peuple de gauche » fasse ces mêmes pressions amicales qu’il a su faire sur les appareils, au moment de la dissolution, et qui ont conduit à les fédérer dans le Nouveau Front Populaire.
Pour sa part, monsieur Macron a choisi de la dédaigner. Trêve olympique obligerait !
On pourrait lui rétorquer simplement qu’à l’origine la trêve olympique visait d’abord à assurer la sécurité des jeux et des athlètes dans le double contexte de leur sacralité et de guerres plus ou moins latentes entre les cités.
Il ne me semble pas pourtant que la reconnaissance d’une première-ministrable et les prémisses de la composition d’un gouvernement puissent compromettre la sécurité des jeux. D’autant moins que le débat démocratique, même lorsqu’il traduit une forme de lutte des classes, n’est pas une guerre à proprement parler, n’en déplaise au Président de la République qui en pratique volontiers le langage.
On pourrait aussi lui répondre que le Nouveau Front Populaire porte des mesures d’urgence pour donner des conditions de vie plus dignes aux plus précaires. Et je puis témoigner, ma chère Elise, au fur et à mesure des semaines, que pour les familles qui vivent dans la précarité, il n’y a pas de trêve et que les huissiers n’arrêtent pas leurs pressions pour cause de jeux olympiques. Pas davantage les administrations devenues pour beaucoup, et au grand dam de nombre de fonctionnaires qui y travaillent, lointaines et anonymes. La dématérialisation, dans ses excès, y obligerait.
Et je finis par me demander si la trêve que proclame monsieur Macron ne lui serait pas au fond bien personnelle, comme s’il nous disait, presque au bord de l’épuisement :
« Laissez-moi encore être Jupiter, laissez-moi plastronner et patronner encore, juste pour le temps de ces jeux... »
C’est que ce n’est pas facile, ma chère Elise, d’être contraint de descendre de l’Olympe pour jouer le rôle un peu ridicule, il faut bien en convenir, de l’empereur en quête d’habits neufs dans le conte d’Andersen.
Bien à toi