18 Septembre 2024
Ma chère Elise,
La France ne dispose toujours pas d’un gouvernement complet. Le Président de la République a choisi de laisser travailler le Premier Ministre dans un silence légitime, mais bien inhabituel en ce qui le concerne. Et ce dernier consulte et tente de se dépêtrer de l’entrelacs de lignes rouges, réelles ou suggérées, dont les médias nous rebattent les oreilles à chaque instant.
C’est une notion curieuse, ou plutôt une expression que l’on galvaude que celle de “ligne rouge”. Elles sont de moins en moins ce mur que l’on disait infranchissable, lorsqu’elles étaient jaunes, dans le code de la route de ma jeunesse. Et seraient-elles rubicondes qu’elles ne prendraient pas pour autant valeur de Rubicon. D’ailleurs, ce matin, dans le propos d’une journaliste politique que j’entendais sur France Info, il n’était même plus question de les franchir, mais de les bousculer.
La dernière en date concerne les impôts. Monsieur Barnier, effaré par la dette laissée par son ex, ou peut-être encore, ami Bruno Lemaire songerait à les augmenter pour les riches et les entreprises du CAC 40. Pour ces dernières, il s’agit plutôt d’ailleurs de ne pas prolonger les aides et avantages fiscaux qui leur ont été accordés et d’en réserver l’exclusivité aux petites entreprises qui en ont vraiment besoin. C’est en tout cas un bruit qui court et qu’aurait soufflé monsieur Darmanin, un autre ex, ou peut-être encore, ami de monsieur Barnier.
Les macroniens, monsieur Attal en tête, pourraient alors entrer en rébellion et ils ont tracé une énième ligne rouge : Ne pas toucher aux impôts ! Plus qu’une ligne rouge d’ailleurs, ce serait carrément un Totem.
Pour ma part, Elise, face aux totems de ce genre, je serais plutôt mécréant. Point de dogme. Je suis prêt à accepter que ma contribution augmente, pour autant qu’elle procède d’une politique de redistribution qui vise à davantage d’équité. Son augmentation, telle qu’aurait pu l’engendrer le programme de la gauche, avait par exemple pour corollaires l’augmentation du SMIC et le renforcement des services publics.
Mais je ne suis pas certain que celle que la rumeur prête à monsieur Barnier relève de la même logique.
Est-ce pour cela que les macroniens la refuseraient ?
Sans doute pas, ma chère Elise. Ils auraient sinon laissé madame Castets tenter de composer un gouvernement sans le censurer a priori !
J’imagine que leur nouvelle ligne rouge n’est qu’une rodomontade et qu’ils ne sont pas prêts à franchir un Rubicon qui les feraient entrer en guerre contre la droite, je veux dire l’autre droite, sous l’œil rigolard des élus du rassemblement national.
Ils auraient tout à y perdre et ils le savent bien.
Bien à toi