4 Avril 2025
Ma chère Elise,
Quand je te le disais que les municipales nous apporteraient leur lot de surprises ! Après le probable ralliement de Guillaume Rouger, champion local d’un macronisme que le maire prétend abhorrer depuis longtemps, voilà qu’une conseillère municipale élue sur la liste de Timour Veyri décide de rejoindre la majorité Lefrand. Je ne te la nommerai pas. Je ne pense pas que tu la connaisses.
Une rupture dans un parcours politique, aussi modeste soit-il, pourquoi pas !
Elle ne sera pas la première à changer de cap. Les retournements de veste pullulent depuis quelques années que la politique est présentée comme une maladie honteuse et les partis comme autant de cimetières des éléphants que profanent sans vergogne quelques jeunes loups en mal de carrière.
L’argument, en revanche, que fait valoir cette jeune élue m’interpelle davantage, presque identique celui de Guillaume Rouger : Elle veut mettre ses compétences « autour d’une liste dont le seul parti est Evreux ». Une mauvaise reprise du slogan de Monsieur Lefrand aux dernières municipales : « Pour vous, la liste des gens qui aiment Evreux », un slogan qui méprisait toutes celles et ceux qui se mobilisent pour Evreux et n’aiment pas pour autant ce qu’en fait la municipalité aujourd’hui, une insulte au bon sens des ébroïciens.
Comme si Timour Veyri par exemple n’aimait pas Evreux ! Continuerait-il dans ce cas, à siéger sur les bancs du conseil municipal et à faire un grand écart bien inconfortable entre sa vie professionnelle, sa vie privée qu’il sacrifie bien souvent, et son engagement local fait de travail en conseil et de rencontres, de dialogue avec les Ebroïciens. Comme si celles et ceux qui se battent avec lui, en collectif, n’aimaient pas Evreux et ne se battaient que pour embêter monsieur Lefrand ou pour défendre on ne sait quoi !
Quand Louis-Samuel Pilcer par exemple, et le groupe des militants autour de lui, animent les permanences d’un Service Public Populaire, ce n’est pas pour embêter monsieur Lefrand. C’est pour aider leurs concitoyens.
La politique locale, dans une ville et une agglomération comme les nôtres, ne manque pas de petites manœuvres électorales. La stratégie de ce que l’on nomme des « prises de guerre » en fait partie. Mais ce qui lui donne sa noblesse, c’est d’abord la vision, le projet et les valeurs qu’elle porte et qui doivent entrer en résonance avec les habitants, avec leur quotidien, mais aussi avec leurs rêves.
Le projet, la vision de l’équipe actuelle, j’avoue que je peine à la lire. Et c’était déjà le cas, Elise, lorsque je siégeais encore dans l’opposition et que je dénonçais cette course folle de la municipalité, dans la nuit, tous feux éteints.
Il y a des alternatives. Celle que porte la gauche et qui a commencé de se dessiner lors des dernières municipales, dont tu te souviens Elise qu’elles s’étaient déroulées dans le contexte extraordinaire de la crise du Covid, je la crois crédible. D’autant plus qu’elle rassemble et qu’elle continue de se construire au plus près des Ebroïciens, et avec de belles personnalités qui, toutes, aiment Evreux, qu’elles y soient nées, qu’elle les ait apprivoisées, ou qu’elles l’aient adoptée.
Pour ma part, Elise, Il y a trente-six ans que j’ai quitté ma Lorraine pour arriver à Evreux. Je crois pouvoir dire que j’aime y vivre, puisque j’y reste quand rien d’autre que cet attachement ne m’y retient. Mais je crois fermement qu’il est temps que la ville et l’agglomération changent de cap, voire qu’elles s’en donnent un.
Je crains fort que l’équipe actuelle n’aura pas la volonté de le faire et qu’elle n’en soit réduite, pour tenter de ne pas se faire éconduire, à brandir, quelques « prises de guerre » et à secouer, comme des hochets, ces trophées ramassés sur les terres du ni droite ni gauche où les convictions sont bien molles.
Evreux, cette ville que j’aime, mérite mieux que cela.
Bien à toi