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La longue mélopée du conseil municipal

Ma chère Elise,

J’ai assisté sur mon téléviseur, ce dernier lundi, aux deux premières heures du conseil municipal d’Evreux.

J’avais à faire un peu de repassage. En quantité suffisante pour m’occuper une petite heure mais insuffisante pour monter le déposer à ID-vêts. Et, plutôt que soutenir d’un fond musical les méditations que m’inspirent immanquablement les tâches ménagères, j’avais espéré cette fois les nourrir de la qualité de quelques échanges municipaux… Nostalgie, nostalgie …

Imagine mon désarroi, quand durant près de deux heures, je n’aurai entendu que la monotonie d’une espèce de chant grégorien, mais déclamé celui-là sans la profondeur des chœurs, sans les vibrations que lui donne l’écho de la nef, et sans donc aucune résonance mystique. Bref, la monotonie, polie au papier de verre, de la langue de bois

Effarant.  A me dégoûter de revenir y assister, moi qui y ai pourtant participé durant près de vingt ans et qui en connais tous les codes. Je comprends du coup pourquoi la retransmission des conseils a si peu d’audience à Evreux.

Deux longues heures à attendre sans succès que les orateurs (Les chefs uniquement, à quelques très rares exceptions près) échangent vraiment, et qu’ils traduisent aussi la technicité de leur propos, dont on pourrait penser sinon qu’elle ne fait que maquiller leur vacuité.

 Car à partir du moment où les débats sont largement diffusés, ce n’est plus seulement à des conseillers municipaux censés être initiés qu’ils s’adressent. C’est à l’ensemble des citoyens. Et si l’on veut éviter que s’étende encore la fracture entre les institutions de la République et ses citoyens, il importe que le débat municipal ait quelque résonance sur le vécu des habitants, et que les décisions prises s’inscrivent dans un projet clair, une projection dans l’avenir de notre cité. Timour Veyri l’a d’ailleurs évoqué dans son introduction, avec d’autres termes bien sûr, mais qui avaient grosso-modo le même sens.

Je ne sais si c’est parce que les dernières municipales se sont déroulées dans des circonstances très particulières, sans véritable campagne, ni débat, ni participation, mais j’ai vraiment eu le sentiment lundi d’assister à un conseil municipal fait de délibérations décousues, sans le liant d’un quelconque projet, et d’interventions parfois grandiloquentes dont on ne savait trop où elles allaient.

Quant aux résonances sur le vécu des Ebroïciens, le maire d’Evreux, dans sa réponse à Timour Veyri, aura résumé la sensibilité de nos concitoyens et leur préoccupation aux questions de sécurité, de violence et de trafic de drogue… Ne manquait que l’immigration !  Est-ce parce que l’on venait d’évoquer l’affaire du patron de la sécurité de la ville ou n’était-ce pas plutôt le réflexe opportuniste du patron départemental et partisan des Républicains qu’est aussi monsieur Lefrand,  et qui dans le même souffle vilipendait le gouvernement incapable de faire son boulot ? 

Je n’en ai en tout cas que davantage apprécié, à ce moment-là, l’intervention décalée d’Alain Nogarède dont je continue de me demander comment il a bien pu rallier une Droite qui chasse de plus en plus sur le terrain des extrêmes, une alliance à laquelle ne le préparaient pour ce que j’en sais, ni ses convictions ni son histoire.  

Au moins aura-t-il pourtant rappelé lundi soir la situation de celles et ceux pour qui la fin du mois commence le 15 et pour qui la question de la sécurité, c’est d’abord leur sécurité alimentaire, tentant de les inviter dans les débats, mais sans le moindre succès. Et la longue litanie en langue de bois a repris de plus belle.

On m’a dit que l’ambiance s’était un peu échauffée au-delà de 21h, à propos du festival de rock. Mais, moi, j’avais décroché et j’imagine que je n’étais pas le seul.

Bien à toi ma chère Elise

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