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Dimanche prochain, vu de Septante

Ma chère Elise, 

Il y a un an aujourd’hui que j’abordais les rives de Septante. J’y ai emporté bien des rêves mais peu de regrets. Septante est un monde où le temps devient rare et où il faut apprendre à garder l’essentiel.  

Ce n’est pas toujours simple. 

 

Pas plus simple que la politique.  C’est aujourd’hui aussi que s’achève en effet la campagne des législatives. Et nous aurons dès dimanche soir une idée plus claire, non pas de ce que veut la France, puisqu'il est probable qu’une majorité des Français boude les bureaux de vote ; mais de comment elle sera gouvernée dans les cinq années qui viennent et dans quelle direction. 

 

Depuis qu'on en a tendu le ressort, la mécanique du quinquennat et du calendrier qui place l’élection des députés immédiatement après la présidentielle a donné systématiquement des majorités confortables au président élu.

Cela peut se concevoir lorsqu'il l'a été par une majorité claire et sur un projet tout aussi clair. C’est alors la France qui, après avoir choisi un homme ou une femme sur son projet, se dote d’un parlement qui votera les lois nécessaires pour le rendre possible. 

 

Mais lorsque, comme aujourd'hui, le président, qui a disposé pourtant de cinq ans pour faire reconnaître sa valeur et celle du rêve qu’il croit porter pour le pays, n’est plus élu en réalité que par moins de la moitié des Français et le rejet de son adversaire du second tour, que vaudrait vraiment une telle majorité parlementaire qui, de surcroît, serait acquise elle aussi davantage par l’abstention que par l’adhésion ?  

Dans ce contexte, ma chère Elise, il est plutôt besoin, me semble-t-il, d'une assemblée nationale qui débatte pour de bon et qui construise avec les Français, jour après jour, le destin du pays. Il est besoin de représentants du peuple authentiques et qui ne soient pas seulement aux ordres d’un homme au pouvoir solitaire.

 

Pour ma part, je préfère les coalitions nées dans le débat, et qui en portent la substance, à la raideur bien verticale d’un président amidonné de la nuque aux godillots.  

Et je préfère aussi la fraîcheur militante de Nathalie Samson qui écoute, qui débat et qui doute aussi parfois, aux certitudes policées d’un député qui a fini par se fondre totalement dans l’ombre de Macron où il est né il y a cinq ans.

 

J’espère, pour reprendre une métaphore de La tentation, que se lèvera dimanche une multitude de Muscade pour faire mentir les sondages qui nous annoncent une abstention record. Et que dès le 20 au matin l’Assemblée nationale regorge, elle, de Nathalie. 

 

Là-bas, sur Septante, la brise caresse doucement un champ où se mêlent épis, bleuets et coquelicots. Elle y sème mes rêves, et quelques regrets qu’elle a dissous en une tendre nostalgie. 

 C’est un bel endroit que Septante. 

 

Bien à toi 

 

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